Le but d'Elementia

Kal se plaisait à Elementia. Il avait des amis, des ennemis aussi, mais il était content quand même. Il avait passé sa vie dans le rejet, la solitude, la souffrance, et ce château lui avait fait oublier une bonne partie de son passé. Mais comme on dit, toutes les bonnes choses ont une fin. Enfin, c'est pas dit qu'il reparte, mais ce n'est pas pour étudier et devenir un sorcier qu'il est venu dans cette école. Ou tout du moins, ce n'était pas le but premier.
On lui avait avant tout conseillé d'y aller, car la directrice, Elisabeth Eidos, était une spécialiste en élémentarisation, et il y avait de grandes chances que son problème vint de là. Ou si ça ne venait pas de là, il y aurait d'autres pistes à chercher.
Il était venu aussi pour autre chose. Disons plutôt que c'est cet autre chose qui lui a rappelé pourquoi il était ici, et qui l'a ammené à se souvenir de l'entretient qu'il devait avoir avec la directrice. Ce qui s'est passé en potion ne l'avait pas laissé indifférent. Il est vrai que cela lui semblait bizarre quand même, mais après tout, la prof ne lui avait-elle pas dit que sa potion était réussi? Pour Victor et Emilie, il se peut qu'il y ait eut des raisons qui ont fait qu'ils étaient ensemble et qu'ils soient ses amis. Mais si tout était faux, comment se fait-il qu'il y ait eut mention de sa maladie, la "rage violette"? Tout ça l'angoissait terriblement, aussi fut-il venu chercher de l'aide auprès de la seule adulte en qui il avait totalement confiance.
Mais paradoxalement, il avait aussi envie d'y aller le plus tard possible. Si on lui enlève son parasite, gardera-t-il des pouvoirs? Ne redeviendra-t-il pas un simple moldu, condamné à quitter le château et à recouvrer son ancienne vie?Mais il fallait qu'il y aille, pour lui et pour tous ceux qu'il aimait, pour être sûr qu'il ne les blessera jamais.
C'est donc d'une main hésitante qu'il frappa à la porte.

Bien qu'il n'ait absolument rien à se repprocher -pour une fois-, c'est d'un pas timide que Kal entra dans le bureau. Après tout, au vu de tout ce à quoi il s'attendait, il avait raison de ne pas être pressé. Il espéra que la directrice ait trop de travail, et qu'elle lui dise de repasser plus tard. Mais c'était une mauvaise pensée. Il avait prit tout son courage pour venir, alors ce n'était pas maintenant qu'il allait baisser les bras.

" Bonjour mademoiselle."

Il se racla un peu la gorge, mal à l'aise.

" Euh...Vous m'aviez demandé de venir, alors me voilà."

Il savait que c'était à cause de son problème, mais c'était plus facile pour lui si la directrice commençait à en parler en premier.

* Bon. Faudrait que j'arrête de baliser. Elle ne va pas me manger.*

Il se sentait un peu comme avant son passage chez le dentiste. Bien qu'il ne puisse rien avoir à priori, l'appréhension était telle que c'était comme si le pire tait déjà en train de se produire.

" Euh...oui, en effet."

Enfin, il espéra que ce fut surtout lui qui aurait des choses à dire, et non pas elle au sujet de son comportement à l'école, en particulier lorsqu'il s'agissait de suivre les cours d'histoire. Mais il espéra bien qu'elle se souvenât de la raison principale. il s'assit sur une chaise, et vit une assiette de pâtisseries apparaître. En tant normal, il n'aurait pas hésité à se jeter dessus, mais là, il avait une telle boule dans l'estomac que celui-ci aurait interdit l'accès à quelque type de nourriture que ce soit.
Quelque part, il fut un peu rassuré quand elle lui demanda s'il y avait eut des évolutions. Il était toujours plus facile de dire quelque chose lorsque les bonnes questions étaient posées.

" Euh...En fait, je suis pas sûr, mais je crois. Mais je ne sais pas trop. Enfin, pour les sorts, c'est bizarre, mais quand j'arrive à bien les faire, j'ai l'impression que c'est pas trop moi. Enfin si, c'est moi qui le fait, mais c'est un peu...comme si j'étais, euh...télé quelque chose...téléguidagé. Pis des fois, y a une voix qui n'arrête pas de me charrier, et quand je me retourne, y a personne."

* T'es bête ou quoi! Là, t'es bon pour l'asile!!*

" Euh nan...C'est pas ce que je voulais dire..."

* Mais si, c'est ce que tu voulais dire.*

Il regarda aux alentours, mais ne vit personne, comme d'habitude. Il ne voulait pas demander à la directrice si elle avait entendu quelque chose, car si elle n'avait rien entendu, c'en était fini de lui.

" Et des fois, j'ai des pertes de mémoire. Enfin, pas trop grandes, mais bon."

* En fait, j'en ai eut une, mais Margoth m'a dit que ça n'avait rien à voir avec l'alcool.*

" Et euh...je crois que c'est tout."

" Ben, je sais pas, moi...En général, je lui répond pas. Ou quand je le fais, elle ne dit plus rien."

Puis, une idée lui traversa l'esprit. Il n'osait pas le dire, mais après tout, avait-il encore quelque chose à perdre.

" Dites, vous pensez que je suis fou?"

* Têt ben qu'oui, têt ben qu'non.*

" Vous avez entendu? Il a recommencé!"

* Tu rigoles ou quoi? Comment tu veux qu'elle m'entende? Je suis dans ta tête! Et ça m'étonnerai beaucoup qu'elle soit télépathe. Mouhahahahaha!!!!!*

* Donc, si je parle dans ma tête, tu m'entends?*

* Eh oui, p'tite tête. Bon, je te propose un marché: étant donné qu'on risque de passer toute notre vie ensemble, mieux vaut qu'on soit potes, non? Donc, je t'aide à utiliser la magie et à t'en servir, come je te l'ai démontré en élémentarisation, et toi, en échange, tu me prête un peu ton corps. T'en pense quoi?*

* Ouai, mais en admettant que j'accepte, je sais pas comment faire.*

* Ferme les yeux, et pense plus à rien.*

" Euh...Apparament, il veut vous rencontrer. Il m'a dit comment faire pour qu'il s'adresse à vous. Donc soyez pas surprise."

Kal s'exécuta, et le violet qui était dans sa chevelure se propagea très vite, formant un tatouage, comme lorsqu'il était en danger et qu'il utilisait les sorts puissants.

" Eh bien, mademoiselle Eidos, c'est la première fois que nous nous trouvons face-à-face, n'est-ce pas?"

Bien qu'il s'agisse de la voix de Kal, celle-ci fut un peu plus caverneuse et fantômatique.

" Alors, vous vouliez m'étudier, non? Cela vous fait quoi de voir que votre cobbaye contenait une entité vivante?"

Il jeta un coup d'oeil plus bas, et vit l'assiette préparée par la directrice.

" Oh! Des gâteaux!!!"

Sans en demander plus, il prit une pleine poignée et commença à les manger comme un goinfre.

Elisabeth écouta Kal avec une certaine exitation au creux du ventre... Elle n'avait pas vraiment peur, mais était curieuse d'enfin peut-être en comprendre d'avantage sur le mal rongeant Kal.

"Non Monsieur Méturgis, je ne crois pas que vous soyez fou..."

Elle avait dit ceci sans sourire, pour marquer la sincérité de ses paroles.
Puis, Kal entendit de nouveau la voix. En tout cas, c'était ce que semblait signifier son agitation soudaine...
Elle ne l'interromput pas, laissant se faire l'échange mental entre Kal et "cette chose". Elle ne l'entendait pas... C'était une grande magicienne, mais elle n'avait pas encore "l'oreille transparente"... appellation du don de thélépathie chez certains sorciers.
Puis, elle sortit de son observation et se redressa...
Il acceptait de lui parler.
Bien que la situation lui semblait cocasse et étrangement trop originale pour tenir debout, elle ne montra rien de son doute et hocha la tête vers Kal, attendant donc la "visite".
Elle pinca les lèvres en voyant le violet des cheveux de Kal apparaître sur son corps pour former un tatouage... Elle savait comme ceci avait auparavant été signe de catastrophe.
Pour tout sursaut en entendant la voix changée de Kal, elle haussa légèrement les sourcils.

"Effectivement, il ne me semble pas vous reconnaître...mais je peux me tromper..."
Elle inclina la tête poliment et doucement, en guise de salut...Elle eut un léger sourire et en voyant "Kal" se jeter sur l'assiette de gâteau elle l'avança avec politesse vers lui...

"Comment vous nomme-t-on...?" demanda-t-elle d'abord.

Puis faisant apparaître une nouvelle assiette de biscuits elle ajouta...

"Kal n'est pas mon cobbaye, mais s'il possède une "entité vivante", il me semble qu'il est plus "son" cobbaye que le miens... Quel genre d'entité êtes vous..? Qu'attendez vous de Kal?"
Elle était toujours calme et polie, se demandant si elle voulait réaliser l'étrangeté de cette situation...

Le deuxième Kal continuait de se goinfrer, lorsqu'il entendit la réplique de la directrice. Il avala dès qu'il le put, puis se radossa au siège.

" Vous allez bien rire, mais je n'ai pas de nom. Ou si j'en ai un, je ne le connais pas. Quand à ce que je suis, je n'en ai pas la moindre idée non plus, et en ce qui concerne notre Aeri..."

Il réfléchit un instant, comme s'il se posait la question pour la première fois.

" Disons qu'il me sert d'hôte. Je ne suis pas sûr de pouvoir vivre sans "attache". Ceci dit, je sais une seule chose: c'est que je suis né pour me battre. Après, contre qui ou contre quoi, je n'en sait rien, mais ça n'est pas mon problème pour l'instant."

Cette réplique sembla l'amuser quelque peu, mais il voulait avant tout voir comment elle réagirait.