Le vol de Théo

Théo s'était levé au beau milieu de la nuit. L'impatience ne lui avait pas laissé de répit et il n'avait pas pu trouver le sommeil. La Lettre disait qu'un coursier viendrait le chercher au rayon vert, le premier éclat du soleil, au sommet de la falaise de St Hérent, derrière la petite église.
En fait Théo avait peu dormi depuis le jour de son 11ème anniversaire où un immense Petit Duc lui avait apporté... La Lettre.
Elle était écrite en belles lettres d'argent qui brillaient dans la nuit. Le jeune garçon avait pu la lire et la relire jusque sous le gros édredon de son grand lit de bois. Elle attestait qu'il était reconnu comme un sorcier et, mieux encore, qu'il était admis dans la prestigieuse école de Magie d'Elementia. Théo n'avait fait qu'en entendre parler par le peuple de La Forêt Profonde comme l'un des lieux magiques les plus extraordinaires du Monde. Il avait de la chance, une chance à laquelle il ne s'attendait pas et qui lui ouvrait un tout nouvel univers. Il allait apprendre La Magie.

Théo s'était levé, était allé aux toilettes dans le petit coin du jardin, s'était lavé au puit, à l'eau froide et au savon cru, jusque derrière les oreilles puis s'était habillé : il avait enfilé un épais caleçon long de flanelle rouge rapiécée à plusieurs endroits, des pantalons trop larges tenues par des grosses bretelles, un paire de chaussettes épaisses et ses gros godillots de cuir. Il avait passé par-dessus tout ça son trop long bliaud de laine bleu. Le gamin s'était préparé une bonne assiette de flageolets au fromage fondu le tout arrosé de lait en guise de petit déjeuner. Il avait dévoré. Théo avait toujours eu un appétit d'ogre et pouvait avaler des quantités impressionnantes de haricots. Une fois son repas englouti, il avait pénétré à pas de loup dans la chambre de son grand-père et avait déposé sur la joue du vieux bougon endormi un gros bisou tout tendre, fait d'amour sincère.

Il avait traversé la maison une dernière fois et sorti avant de se mettre à courir dans les rues plongé dans le noir de son tout petit village jusqu'au sommet de la colline, là où se tient l'église au milieu du cimetière, au bord de la falaise. Il avait passé derrière la bâtisse romane et s'était assis en tailleur à coté des tombes à quelques pas de l'abîmes face à l’est. Il avait attendu. Bercé par le calme de la nuit, sa tête avait dodeliné tandis que le sommeil gagnait enfin la partie contre l’excitation…



Un rayon vert avait frappé les yeux mi-clos, lourds de fatigue, qui luttaient contre la somnolence. Le visage du jeune garçon s’était nimbé d’une lueur doré tandis que l’astre du jour lançait ses doigts de Midas à l’assaut des frondaisons de la vallée, sur les murs de l’église et les tombes, changeant en or tout ce qu’ils avaient touché. Une bourrasque avait soufflé au bas de la falaise remuant l’air dans un bruit furieux qui était allé croissant. Un vent chaud avait remonté le mur de roches pour venir souffler sauvagement à la face de l’enfant ce qui l’aurait décoiffé si il l’avait été le moins du monde. Cette tempête soudaine n’avait rien de naturel et avait attiré l’attention de Théo qui était alors parfaitement réveillé. Un immense voile sombre avait surgit des abysses et avait couvert l’astre du jour plongeant le jeune garçon dans l’ombre. Une immenses paire de pattes griffues à quatre doigts, grandes comme deux fois Théo, recouvertes d’épaisses écailles saillantes, accrochèrent le mur pulvérisant les pierres de la falaise et laissant des marques profondes dans la roche. Une titanesque tête reptilienne, anguleuse, cornue et crevassée, accrochée au bout d’un puissant cou taurin avait passé par-dessus les deux fabuleuses ailes de cuir lourd craquelé qui cachait la lumière. Un œil fendu, couleur de braises, avait inspecté le petit bonhomme dont la bouche était grande ouverte d’émerveillement : c’était un dragon… un titanesque, un pantagruélique, un extraordinaire dragon.

La pupille gigantesque s’était étraicie puis dilatée pour faire le point sur le paquet que le coursier était venu chercher. D’un mouvement de l’immense gueule fumante, garnie de crocs acérés, qui aurait pu avaler un homme tout entier, la créature avait poussé le garçon vers ses flancs. Théo ne s’était pas fait prié : il s’était approché du corps du dragon et avait utilisé les écailles saillantes pour se hisser sur son dos. Il avait retrouvé la lumière dorée du soleil et découvert une vue d’ensemble de l’immense reptile volant. L’envergure de ses larges ailes dépassait la taille de l’église de St Hérent et sa hauteur celle du clocher. Il était d’une couleur vert sombre qui n’était pas sans rappeler celle du sous-bois de la forêt. Entre deux omoplates recouvert d’une musculature proéminentes et d’une armure d’écaille dure comme du métal, était harnaché une étrange petite nacelle dans laquelle était installé un petit siège. Mais Théo avait dédaigné la sécurité du petit habitacle pour grimper avec agilité derrière la tête du dragon et chevaucher le cou de l’animal. Il s’était agrippé solidement comme il put et avait soufflé à l’oreille du monstre : « Vole s’il te plaît ! Vole ! ».

L’animal fabuleux s’était alors tassé sur ses antérieurs dont les griffes d’acier était toujours enfoncées dans le rocher de la falaise. Il avait étiré ses ailes et s’était soudainement jeté en arrière dans le vide. Le dragon était tombé… avait roulé… et attrapé d’un battement d’aile un courant ascendant qui lui avait rapidement fait prendre de l’altitude.
Les dragons volent à une vitesse prodigieuse avec la souplesse gracieuse d’un fauve. Ils sont capables de figures impressionnantes et uniques, impossible pour tout autre chose volante.
Le cœur de Théo avait battu plus fort que jamais tandis qu’il suivait dans la poitrine du garçon les mouvements rapides de la créature dans les airs. La sensation était grisante, comme chevaucher une tempête. Le cavalier et sa monture avaient vite gagné le plafond nuageux dans lequel ils avaient disparus un moment puis ils était passé au-dessus d’une mer de cumulo-nimbus colorée de feu par un chaud soleil rasant avec un ciel pur, sombre et bleu. L’air était frais et saoulant mais le corps du grand reptile était agréablement chaud et protégeait le garçon. Le voyage fut le plus fabuleux dont puisse rêver un enfant de 11 ans.



Théo, à nouveau rattrapé par la fatigue, est encore perdu dans ce songe sur l’étrange plate-forme au milieu de laquelle il attend debout, sous la pluie, qu’on viennent le chercher et il lui semble que le voyage jusqu’à l’école de Magie est bien la meilleure entrée en matière pour devenir sorcier. Il sourit bêtement.

Le vol du dragon avait bien du prendre fin. La créature avait perdu de l’altitude avant de plonger droit dans les nues et de les percer pour dévoiler au jeune garçon une contrée fantastique plongée dans un clair obscur étonnant, digne des plus belles clairières de la Forêt Profonde, mais à l’échelle d’une région. Au milieu de ce pays des merveilles, comme un joyau dans son écrin, Théo découvrit une citadelle monumentale en pierre, un étrange mélange de châteaux de contes de fée et de manoirs hantée, dont les tours se dressent presque jusqu’aux nuages. Le coursier avait foncé droit dessus.
Il avait soudain mis en avant ses pattes arrières en direction d’une gigantesque saillie circulaire sur le coté du bâtiment. Il avait étiré ses ailes pour freiner sa chute et s’était posé rapidement, avec précision. Il avait baissé la tête pour que son passager puisse descendre,. Le garçon, en passant à regret, sur le flanc avait glissé dans l’oreille du monstre un « merci !» sincère. Dès qu’il eut touché le sol, le grand reptile s’envola et disparut avec la grâce d’un oiseau de proie.

Il pleut. Le jeune garçon est trempé mais garde ce sourire niais sur le visage. Il en a oublié ce qu’il faisait là, au beau milieu d’une aire d’atterrissage pour dragon, à l’entrée d’Elementia…

Tom prenait un peu l'air quand une averse s'était abattue sur lui.

Il se tata à faire demi tour mais il était tellement proche du dragopport qu'il s'y rendit malgré tout.
Tout d'abord parce qu'il espérait y trouver un abris et deuxièmement pour voir si quelqu'un n'attendait pas un guide surtout sous ce temps.

Tom avait bien fait, un jeune garçon attendait sous la pluie.

Tom courut jusqu' à lui et allait se présenter quand la pluie cessa.

"Ce n'est pas trop tôt nous allions être trempés jusqu'aux os.
Je suis Tom Locduc, professeur d'etude moldus et Directeur des Aqua.
Bienvenue à toi"

Théo sort brutalement de sa rêverie et se retourne vers l'homme qui s'adresse à lui. Le jeune garçon est déjà mouillé jusqu'aux os. La pluie a cessé inexplicablement le temps que le professeur s'avance sur l'aire d'aterrissage des dragons. L'enfant pense soudain, impressionné :

*C'est un professeur... un professeur de Magie*.

Le professeur Tom Locduc est un homme de grande taille aux cheveux blonds et aux yeux bleus.
Théo se contente de lui adresser un grand sourire de joie.

Tom fut très étonné par l'accueil du jeune garçon.
Jamais auparavent cela ne s'était produit.
Pourtant cela faisait un bon moment que Tom était arrivé à l'école et qu'il allait chercher des nouveaux venus mais là rien, pas un mot ne sortit de la bouche de l'enfant.

En général, ils étaient un peu fatigués même éprouvés par le voyage car il s'agissait souvent de leur premier lon voyage en dragon.
Il était vrai qu'ils ne pouvaient rester indifférents à cette découverte.

Mais là rien, pas un son, pas une syllabe.

Tom se posait beaucoup de question et resta muet comme coupé dans son élan.

Ce jeune garçon était-il muet, avait-il des difficultés à parler, parlait-il même sa langue.La perplexité se lisait dans le regard de Tom.

Puis une autre idée lui vint à l'esprit.
Et si c'était lui qui avait "bloqué" ce jeune homme dans sa façon de l'aborder.

*Ai-je été trop abrupt en l'abordant, je l'ai peut être mis mal à l'aise....non ce n'est pas ça...il affiche un grand sourire, il a l'air content d'être là ...alors qu'est dce qui se passe*

Tom, pendant sa réflexion, observa avec une plus grande attention le nouvel arrivant de ses grands yeux bleus et se rendit enfin compte qu'il s'était lourdement trempé.

Lui, certes, n'était pas trempé jusqu'aux os. Il n'avait pris que quelques gouttes de pluie pendant l'averse.
Mais, lui, ce garçon était complétement mouillé et il devait probablement avoir froid.

Un sort de "recurvit" aurait probablement fait l'affaire.
Un simple sort, qui en un petit mouvement de baguette, rendait propre et sec n'imorte quelle personne sur qui le sort était utilisé.
Cependant, Tom n'aimait guère faire usage de la magie sur quelqu'un sans son accord sauf bien sûre en cas de vie ou de mort, et là ce n'était certainement pas le cas.

Aussi s'avança-t-il un peu plus près du jeune garçon afin entre autre de pouvoir lui parler avec un peu plus de douceur qu'il ne l'avait fait au premier contact.

Les professeurs,comme les élèves, pouvaient accueillir les nouveaux arrivants pour les guider jusqu'à l'école.
La directrice en avait décider ainsi.
Cependant, avec le temps et l'habitude, il fallait reconnaitre que la qualité de cet accueil se banalisait au fil du temps.
Les guides, habitués à l'école, ne se remémoraient plus tout à fait l'étonnement qui les avait envahis lors de leur arrivée et du coup manquaient parfois cruellement de ménagement pour leur "passager".

Tom reprit donc un axe un peu plus doux et tolérent dans son approche.

"Excuse moi j'ai été un peu frois dans ma présentation et je n'ai même pas prêter attention au fait que toi tu était tout mouillé.
Je te pris de m'excuser.
Par contre, je peux peut être si tu le souahite arranger ça et te sécher rapidement avec un petit sort si tu n'y vois pas d'inconvénient.

Ensuite, nous pourrons prendre la route si cela te convient"

Tom avait, à ce moment précis, un peu l'attitude d'un gamin pris en pleine faute.
De la part d'un professeur, c'était plus qu'inhabituel.

Théo opine du bonnet tout en gardant son sourire ravi.
Le gamin se tient droit comme un i, la tête levée vers le professeur Locduc, le regardant comme il l'aurait fait d'une licorne ou de tout autre animal merveilleux. Il a dans les yeux cette lueur d'émerveillement non feinte qu'ont les enfants face à l'extraordinaire.

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