Narcisse a perdu sa baguette

(Je viens de là)

Ce matin là, après avoir passé une bonne partie de la nuit à la taverne à boire toutes les préparations les plus fortes qu'il put trouver, ce fut avec un violent mal de tête qu'il se leva. Il s'habilla au radar, et descendit l'escalier qui donnait sur la salle principale de la taverne. Le bruit des clients l'agressa dès qu'il fut sur la première marche, et ne cessa que lorsqu'il eut passé la porte.

Il se sentait sale, déprimé et abattu. Cette baguette avait hanté ses rêves ivres, et il avait envie de pleurer chaque fois qu'il voyait quelqu'un en agitait une. A ce moment là il était persuadé qu'elle serait irremplaçable et que le destin venait de lui jouer un coup pendard et vile, injuste en somme. Devant une réalité si cruelle, de nombreuses questions existentielles lui revenaient en tête, secouant une peu plus la grosse cloche de bronze qui avait élue domicile à cet endroit là de son corps justment.

L'air frais ne lui fit pas du bien tout de suite. Seule la longue marche qu'il entreprit dans les rues de Mivia Town aida les vapeurs tenaces de l'alcool à s'évaporer. Il finit par revenir devant la taverne.

C'est à ce moment là qu'il remarqua que juste en face, une vieille enseigne se balançait avec une baguette dessus. "Chez Sélestin, baguettes de qualité" Un instant il resta interdit... Comment cette boutique avait elle put échapper à son attention, alors qu'il logeait juste en face ? Il se rassura en se disant qu'elle devait être fermée, son apparence semblait si pitoyable ?!

Il poussa la porte, plutôt petite, et pénétra dans l'endroit. L'intérieur valait l'extérieur mais avait le mérite de sentir une certaine dose d'activité humaine. En fait, c'était un vrai bric à brac là dedans, avec une bonne dose de poussière en plus. Un vieux comptoir, net de poussière celui là, ce qui prouvait son utilité journalière, était déserté du propriétaire des lieux.

Narcisse s'approcha, et au moment d'appeler, s'avisa d'une sonette qui le regardait bètement. Il posa la main lourdement dessus et elle produisit un son clair qui résonna dans tout le silence de l'endroit. Il resta un instant collé dessus, comme pour en éprouver la quintessence musicale. *Do !*

Il était encore embrumé quelque peu et mit du temps à retirer sa main et soupira. *Mais qu'est ce que je vais bien pouvoir trouver là-dedans... Et j'ai ces foutus uniformes à faire... Et j'ai même pas tout !* "Et j'ai même plus de baguette...." dit il sur un ton grave en finissant sa pensée, comme si déjà il parlait à la personne qui viendrait *peut-être...*...

Deux choses impressionnèrent Narcisse, d'abord, l'homme connaissait son identité, l'autre était sa façon de le mettre lui au même niveau que lui, ce qui l'aurait offensé s'il n'avait pas encore vu Endymion Sélestin *Cher collègue...* Etre ainsi, "un collègue" l'avait surpris au début car Narcisse n'avait pas encore vraiment prit son poste de couturier. La boutique lui appartenait bien, mais il avait passé son temps à la préparer, laissant Gaston Bouchtrou assurer l'intérim. Il sourit.

Endymion inspirait le respect dès qu'on le voyait. Narcisse ne fut pas épargné par son aura. Il était aussi l'incarnation de la tranquilité, de la sérénité, de la paix de l'âme. Narcisse, plongeant son regard bicolore dans le sien eut envie aussitôt de lui plaire. Son sourire s'élargit et c'est avec tout le charme dont il était capable qu'il parlat :

"Cher ami, une mésaventure facheuse m'a privée de baguette, peut-être pourriez vous m'en vendre une autre ?" Une nuance de regret teintait cependant sa demande... C'est qu'il y tenait à sa baguette.... Mais il avait été rassuré sur la qualité de celle qu'il aurait peut-être bientôt, juste en voyant le commerçant...

Oui, Narcisse était profondément malheureux d'avoir perdu ce prolongement de son bras. Surtout qu'elle avait été la seule et unique qu'il n'eut jamais eu. Il n'était pas du genre à l'astiquer tous les jours, un peu flemmard, un peu tête en l'air, l'entretient qu'il lui prodiguait n'était pas idéal... Mais il y tenait à sa petite baguette. Et c'est pourquoi, quand il prit celle que lui tendait Endymion, il eut comme un haut le coeur d'amertume.
Bien sûr un jour, sa nouvelle baguette serait sa complice autant que l'autre l'avait été. Mais aujourd'hui, il se sentait un peu traître d'en prendre une autre à la place. Cependant, il prit une mine concentrée, et essaya de suivre les directives du marchand. Il ferma les yeux et sut tout de suite à quoi penser. Il se souvint alors de son plus grand concert à la salle de réception du chateau de Frisemur. Un endroit magique pour la musique, au décor envoutant... Il se souvint de la foule rassemblée là, et de leurs cris de joie à la fin du concert, l'applaudissant lui, de toutes leurs forces, et puis il se revit en train de chanter, accompagné de cette foule qui scandait d'une seule voix ses refrains. Il se souvint du frisson qu'il ressentait alors en sentant toute l'énergie qui se dégageait de ses voix.

Il se laissa emporter par le flot de ses souvenirs. Puis, naquit en lui son désir de retrouver cette gloire. Il pensa aux futurs uniformes qu'il était en train de concevoir. Les sacrifices voulus pour en arriver là, comme tout ce qui lui restait pour acheter la boutique, et ceux, non voulu, comme cette baguette qu'il avait perdu dans sa course éperdue dans la tempète pour échapper à la horde de nains qui le poursuivait pour avoir dérobé l'élément nécéssaire à la confection des capes aéri : Le mythril.

Oui ! Ils allaient être fabuleux ! Il serait reconnu, admiré de nouveau et heureux de l'être.

(Excellent ! J'adore ! Mais où vas tu chercher tout ça !)

Narcisse poussa un cri de dégoût en voyant le nain, son visage déformé par sa frayeur. Puis il se détendit, regarda autour de lui, la boutique, les rayons, le comptoir, M. Sélestin et enfin la baguette, et il partit d'un grand éclat de rire qu'il n'interrompit, en essuyant une larme au coin de son oeil vert, que pour écouter les explications d'Endymion.

Il étouffa un dernier hoquet de rire en regardant la baguette de plus près, et sourit, content. Le commerçant lui expliquait sa composition, et il se sentit flatté d'être associé à un morceau de corne de satyre, surtout musicien. Désormais, il chanterait aussi pour elle ! Il sourit d'avantage en entendant les propriétés de la poudre de Farfadet. Avec ça, il ne pouvait faire que des miracles.

Tout à coup, il réalisa que la baguette était en hêtre, et un voile de tristesse, très vite dissimulé passa devant ses yeux. L'homme se prétait aux confidences. Narcisse lui dit : "L'autre aussi était faite en hètre... Que symbolise cet arbre ?" Il se souvint du vieux aigri qui lui avait vendu sa baguette et qui ne répondait jamais aux questions. A peine disait il la composition des baguettes... Il espérait que Sélestin répondrait à cette petite question...

Il prit l'onguent que le commerçant lui tendait, et tandis que l'autre parlait, il retira de sa bourse les 25 Ma demandés... *Espiègle ? Moi ?* Pensa t-il en saluant ensuite le marchand de baguettes magiques. Il n'avait pas quitté sa nouvelle baguette et la regardait, souriant, intrigué... Satisfait.

(lol, ce sont les personnages qui m'inspirent ^^)

Endymion était ravi de voir que Narcisse était satisfait. C'était toujours difficile de refaire une baguette pour quelqu'un qui avait l'habitude d'une autre.

Si le couturier était content alors c'était magnifique.

Celui-ci posa une question:

"En fait le hêtre a certaines affinités magiques qui en font un très bon bois pour baguette. Il n'a pas de profil particulier outre mesure."

Beaucoup de baguettes de chez Endymion étaient en hêtre, arbre qui poussait en grand nombre dans la foret.

Toujours examinant la baguette de près, après avoir écouté et salué le commerçant, il s'eloigna perdus dans ses pensées toujours tournées vers le changement qu'il venait de subir malgré lui.

Mais bon, il aurait put tomber plus mal. La baguette avait l'air de bonne qualité, et même de meilleure qualité que la précédente, bien que ça, il ne voulut pas le penser pour ne pas offusquer le souvenir de l'ancienne....

Il disparut dans la rue. De nouvelles aventures l'attendaient, avant de se poser tranquillement à Mivia Town... *Hé hé, ça elles aiment bien les filles ... Les histoires d'aventures... hé hé hé ... Petite baguette, tu vas me rendre attrayant à leur yeux parce que tu vas m'aider à gruger le monde entier !* Et il rit doucement à cette bonne blague...