Une robe de bal pour Alà[terminé]

Il faisait froid ce jour là, et c'est emmitouflée dans une écharpe aux couleurs de sa maison qu'Alàtariel Celebrian entra dans la boutique de Narcisse. Elle fut d'abord très intimidée, ne reconnaissant pas les lieux. Elle était en effet venue un an auparavant pour acheter son uniforme, et n'y était jamais revenue.
Mais aujourd'hui, elle ne venait pas pour ça. Non, comme la plupart de ses petits camarades en ces périodes de fêtes, elle venait pour une robe de bal!
Bien qu'elle n'eut encore aucun cavalier, elle tenait à bien se vetir pour la cérémonie. De plus, voilà bien longtemps qu'elle n'avait rien acheté à Mivia Town en dehors des fournitures scolaires. Voilà un bon moyen de dépenser un peu ses économies.

L'Aeri avança sans un bruit dans la boutique, et s'arrêta pour observer quelques robes qui se trouvait non loin. Elle admirait l'étoffe lorsqu'un bruit venant de l'arrière boutique la fit sursauter.

Le bruit de l'arrière-boutique était le grand fracas que produisit la montagne de caisse en bois du dernier chargement d'étoffe en s'éffondrant, suivit d'un juron poussé par une voix dont le coffre avait été entrainé longtemps.

Suivit encore d'une tirade fort grossière sur les elfes du service de livraison responsables du chantier. Puis il y eut des bruits de pas enervés qui remontèrent l'escalier jusqu'à la boutique. Il ne vit pas l'enfant dans le rayon des tenues de soirées et fouilla dans le papier du comptoir, un petit hibou tenu dans sa main gauche. Il claqua un parchemin à coté de la caisse enregistreuse, fit gratter nerveusement sa plume dessus tout en grognant "...Vont m'entendre..." et grommelant, il plia le parchemin, l'attacha à la patte du hibou qui hululla, et traversa à grands pas la boutique. Il ouvrit la porte et cria au hibou qui s'envolait : "Et ne revient pas sans réponse !"

Il fit demi-tour, le visage fermé par la contrariété, referma la porte et s'arréta net. Ses yeux bicolore venaient de s'arréter sur la discrete petite fille qui se trouvait là. "Ah ben tient... J'espère que vous n'attendez pas depuis trop longtemps, j'ignorais que vous... Enfin bref... Que puis je pour vous jolie demoiselle ?" demanda t-il avec un grand sourire, toutes traces de morosité disparues.

Un homme qui paraissait des plus furibond passa devant la jeune fille sans un regard pour elle. Alà avait d’ailleurs eut le reflexe de se cacher derrière une robe à dentelle rouge, tant elle avait été surprise. De plus, si le commerçant était de mauvaise humeur, ce n’était pas dans son intention à elle de le déranger. Elle aurait trop peur de se faire gronder sans raison !

L’homme entreprit d’envoyer un hibou, et après lui avoir lancé une menace, il remarqua alors sa présence. Alà s’apprêtait à formuler des excuses inintelligibles lorsque Narcisse Chanterune s’adressa à elle avec une gentillesse telle que la petite se risqua à sortir du rayon d’un pas timide.

« …Non, je vous assure que je n’attends pas depuis longtemps…j’ai juste regardé les robes qu’il y avait là…. » dit elle d’une toute petite voix.

Puis voyant qu’elle n’avait rien à craindre, elle reprit plus détendue :

« En fait, je viens pour une robe de soirée…je vois que vous en vendez et comme…comme il va y avoir un bal au château…. »

Tout en rougissant, elle acheva :

« …j’aimerais bien m’en acheter une. »

Elle leva les yeux vers l’homme avant de remarqué qu’il avait des yeux verrons. Comme Aëlin, sa très bonne amie des Aqua. Il était charmant, peut être même plus que Monsieur Gaunt, le professeur de botanique magique.
Le regard de la jeune Celebrian alla se porter sur une rangée de robes plus belles les unes que les autres.

« Vous croyez que je pourrais en trouver une ? »

"Pour sûr mam'zelle" dit il d'un ton qu'il voulait d'imitation sans vraiment y parvenir. L'imitation n'était pas son fort... Mais ça avait l'avantage de détendre l'atmosphère.

"Mais celles ci..." dit il en montrant celles qui entouraient Alàtariel, "sont celles que je loue. Celles que je vends, je les fais sur-mesure." Il avait dit sa dernière phrase sur un souffle, usant de tout son charme pour faire réver la petite fille.

Il se mit en retrait quelques secondes, laissant l'enfant à la rêverie qu'il espérait, puis demanda doucement, comme pour ne pas la brusquer : "Et vous la verriez comment cette robe ?" Adossé à un pilier du magasin, le coude posé sur sa main droite tandis que la gauche soutenait son menton dans une pause méditative, il attendait là que l'enfant s'exprime. Qu'elle avait l'air craintive cette enfant.* Une couleur sombre lui donnerait plus d'assurance....* Mais il ne voulait pas la brusquer, il préféra écouter avec un sourire engageant.

La petite eut un maigre sourire face à la gentillesse de l’homme. Celui-ci lui indiqua que les robes qu’elle pouvait apercevoir ne pouvaient être achetées, et que celles destinées à la vente étaient faites sur mesure. Alàtariel secoua la tête :

« En fait, je préférerais en acheter une…pas en louer… »

Elle poursuivit faiblement :

« …mais en fait…je crois bien qu’une robe sur mesure….enfin vous voyez, je ne suis pas vraiment une top modèle…alors…c’est peu être trop beau pour moi… »

Puis elle baissa la tête un peu honteuse, se sentant parfaitement ridicule. A la question du commerçant, elle ne trouva d’ailleurs aucune réponse, elle n’y avait jamais vraiment réfléchis.

« Je…je ne sais pas… »
acheva-t-elle aussi rouge qu'une tomate

"Voyons, voyons !" la gronda t-il gentiment. "Et pourquoi ce serait trop beau pour vous, une robe sur mesure ? Vous savez les top modèles sont adulées mais au fond ce ne sont que des objets pour présenter les créations des grands maîtres ?! Ces femmes là présentent les robes, mais les robes, elles sont faites pour rendre beau et non l'inverse !"

Il lui sourit... Fit le tour de l'enfant, "moi, je vous verrais bien dans une jolie robe d'un bleu profond..."dit il, puis secouant la tête :"Non, vert ! Vert amande... Quelque chose de léger... Le sombre vous aurez bien été, mais je crois que je préfère le vert amande..." Il la regarda encore pour tester le terrain. L'enfant était bigrement craintive. Pas question de l'effrayer. "Vous permettez ?" demanda t-il gentiment. "Je vais prendre vos mesures, ça ne fait pas mal."

Il agita sa baguette en prononçant la formule : "Conficiendam Metiri" alors des paillettes s'élevèrent du sol et engloutirent la jeune fille alors que Narcisse fermait les yeux afin de mieux retenir les informations ainsi transmisent.

Puis du drap d'une grande douceur vint enlacer la petite fille sous les mouvements de baguette de chef d'orchestre que Narcisse agitait. Sous les coups répétés du couturier, la robe prenait peu à peu forme. Un épais jupon vint enlacer ses jambes, un étroit corsage se laçait dans son dos, ajusté à ses mesures exactes...

Puis vint un tissu léger comme une douce brise, d'un vert acidulé, à son tour il enveloppa la petite fille, une première fois, puis une seconde et se brodant au corset, ajustant les manches et bientôt, la robe fut prète...

"Mmmh... ça manque d'un petit quelque chose..." dit le couturier en faisant pour la troisième fois le tour d'Alàtariel. "Ah !" s'exclama t-il en bougeant à nouveau sa baguette. Il la pointa à quatre endroits sur la jupe et quatre noeuds du même vert apparurent.

Il s'agenouilla devant l'enfant, fit de petits mouvements très concentré, et le tissu se releva un peu faisant apparaître le jupon. "Trop de vert !"dit il en commentaire. Il se redressa, se pencha en arrière, se redressa fit encore une fois le tour de la petite fille...

Puis sans prévenir, s'en alla vers son comptoir. Il fouilla un peu dans des boites en carton de petites taille et en sorti un bandeau en tissu mauve. Il tapota dessus du bout de sa baguette, un petit sourire en coin, et releva les cheveux court d'Alàtariel. Ceci fait, il ouvrit la seconde boite et donna de splendide gants blancs en satin. Il l'aida à les mettre puis le visage très solennel, prit la main de la petite fille et la fit se tourner vers le grand psyché. Elle put se voir alors de pied en cape dans sa robe de soirée... (ICI)Enfin si elle lui plaisait. Et Narcisse était un peu inquiet sur ce coup là... La petite n'était pas très communicative... *Pourvu que ça lui plaise....*

Alà baissa la tête tandis que Narcisse lui expliquait sa théorie sur les tops model. Elle ne savait quoi répondre, mais savait que l’homme avait raison. De plus, ce n’était pas comme si elle était affreusement laide ! De plus Mr Chanterune semblait si sur de ses dires, et si enjoué à l’idée de lui confectionner une robe !
La petite rougit une fois de plus jusqu’aux oreilles avant de répliquer :

« Vous avez surement raison et je… »

Mais elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, car le couturier commençait déjà à prendre ses mesures. Et l’Aeri abasourdi observa de ses grands yeux noirs la scène qui se déroulaient devant ses yeux :
Un étroit corsage prit forme sur elle ; et une série de jupons d’un voile léger et scintillant se posèrent alors, d’une pale couleur vert anis.
Après quelques modifications, et après avoir attaché ses cheveux nouvellement courts avec un ruban il lui tendit de ravissants gants en satin.
La petite se laissa alors guider pour se découvrir dans sa tenue de soirée.
Elle écarquilla les yeux sous l’effet de la surprise. La robe était magnifique et lui allait parfaitement bien.
Alàtariel se tourna vers narcisse avant de murmurer :

« C’est…si beau… »

Puis elle ajouta, un doux sourire aux lèvres :

« Je l’aime beaucoup. Vous êtes un très bon couturier Monsieur. »

Elle reporta son regard sur son reflet, et se demanda pendant un instant si il s’agissait bel et bien d’elle. Elle paraissait si différente. Soudain très excitée de la soirée en perspective, son sourire ne pouvait plus la quitter.
Il lui restait un dernier point à régler mais elle n’en s’en inquiéta pas.

« Je..je vous dois combien ? »

Au fur et à mesure que le sourire s'installait sur les traits de la petite fille, il s'étendit par effet d'hypercontagion sur ceux de Narcisse. Son buste se bomba sous l'effet du plaisir de savoir sa robe dans les goûts de sa cliente, faisant disparaitre la petite ceinture de gras que sa taille s'acharnait à collectionner.

Il ne se lassait pas d'observer la petite fille heureuse et ce sont des questions plus pratiques qui le sortit de sa rêverie.

Citation :

« Je..je vous dois combien ? »

"Ah !" dit il sur ton embétté, taquinant la petit fille. Mais il lui sourit très vite pour qu'elle ne s'inquiéta pas trop et lui révéla le montant de ses services :"40 Ma avec les gants. Je vous fait cadeau du bandeau... Attendez...." Il agita sa baguette et un petit noeud papillon vert se posa sur le bandeau. Il le posa dans une petite boite en carton rectangulaire, puis fouilla dans ses autres boites. Il sortit cette fois un collier ras du cou, de tissu fait d'une bande de velour vert et de dentelles blanches autour. Il le posa dans la boite avec le bandeau. "Cadeau aussi !" dit il

Il lui sourit encore. Il n'aimait pas trop cette partie de son travail. Il avait besoin d'argent, c'était évident, mais n'aimait pas faire payer les autres. Leur plaisir devant ses créations le satisfaisait bien d'avantage. Et de savoir que sa réputation s'étendait, lui procurait un bien-être inégalable.... S'il n'y avait pas eut la petite menace qu'on fasse le lien avec lui et qu'on le retrouve trop tôt....

Il tapa sur les grosses touches poussives de sa caisse enregistreuse et edita un ticket qu'il tendit à la petite Alàtariel.

Citation :

1 x robe de soirée 25 Ma
1 x gants satin......15 Ma
_____________________
Total.....................40 Ma

Il encaissa l'argent, et d'un coup de baguette, Alàtariel se retrouva en uniforme, sa robe se rangeant avec toutes les précautions possibles dans une boite large. Puis, le couturier regarda la petite fille, le carton... La petite fille... Le carton... "Voulez vous que je vous le fasse livrer ? Jeune fille ?"demanda t-il inquiet pour la fillette... et pour sa robe aussi.

Alàtariel sortit les pièces une à une, calculant consciencieusement ses MA restants. Devant la succession de cadeaux de la part de l’homme, elle ne pu s’empêcher pour la énième fois depuis son arrivée de rougir jusqu’aux oreilles.
Non seulement il était très attentif, patient et souriant ; mais en plus il lui faisait don du bandeau, ainsi que d’un joli collier ras du cou fait de velours vert.

« Oh…merci ! Merci beaucoup Monsieur ! »

Puis lorsque l’homme lui proposa de lui faire livrer au château, elle secoua la tête avant de déclarer, cette fois très sure d’elle.

« Je vous remercie mais ce n’est pas nécessaire ! Le château n’est pas très loin d’ici je ne veux pas vous embêter avec ça ! »

Elle lui adressa un sourire avant de prendre le paquet. Elle chancela quelques secondes avant de reprendre son équilibre, et d’un pas ferme elle se dirigea vers la sortie de la boutique. Elle voulait réessayer sa robe une fois arrivée au château, et avait très hâte !

Poussant la porte, elle eut quelques mots pour l’homme au regard bicolore :

« Merci de m’avoir servit aussi bien ! Très bonne soirée Monsieur ! »

Puis elle sortit dans la rue d’un pas assuré, gardant bien en main son imposant paquet.