Un couturier à domicile pour Elisabeth Eidos

L'après-midi, à la boutique avait été éprouvant, et Narcisse ne se sentait plus d'humeur à composer. Mais heureusement pour lui, la directrice d'Elémentia avait été on ne peu plus claire dans ses exigences, et la robe, après quelques courriers entre eux, et quelques croquis modifiés, la robe était déjà toute créée, il ne manquait plus que de la concevoir aux mesures de la jeune femme.

Car jeune, elle l'était d'après les rumeurs, et jolie avec ça... Narcisse ne l'avait jamais vu mais rien qu'à ce qu'il en avait entendu, il se serait léché les babines comme le loup de Tex Avery !

Il traversa le hall, comme cela lui avait été indiqué; prit le couloir de gauche, puis celui de droite jusqu'à la porte du fond. Il était chargé de diverses étoffes noires qu'il voulait associer, ou non, suivant ce que la robe donnerait en vrai...

Il déposa tout ça devant la porte, puis regarda ses dents dans un petit miroir qui ne le quittait jamais, remit en place une mèche rebelle, regarda un peu partout pour voir s'll était assez irrésistible pour une grande dame comme Elisabeth Eidos, puis frappa à la porte tout en s'éclaircissant la gorge... "Hum... hum..."

Narcisse entra, le ventre rentré, le sourire engageant et les bras chargés d'étoffes. Malgré tout ça, il réussit la prouesse de s'incliner devant la jolie jeune femme,* Bigre, jeune mais impressionnante... Si sûre d'elle... Magnifique ! Elisabeth la Magnifique !* sans rien faire tomber. Puis se redressant, toujours souriant, il dit : "Madame, vous me voyez à votre service..."

"Où puis je déposer tout ceci ?" demanda t-il impatient d'être à l'aise avec la dame *hu hu hu...*

Il fouilla dans les affaires qu'il avait apportées et sortit un croquis. "J'ai apporté les dernières modifications que vous souhaitiez... Désirez vous voir le dessin ? Ou... préférez vous attendre la surprise ?" demanda t-il un brin espiègle. En attendant sa réponse, son regard parcourait les formes de la directrice sans plus se cacher que ça... *Hé hé, pourquoi suis je couturier à votre avis ?^^* ... *en attendant, elle est bien roulée !*

Elisabeth laissa entrer le couturier et le dévisagea alors qu'il avançait dans son salon.
Il s'inclina bientôt et la directrice cru reconnaître chez lui les airs d'un chanteur célèbre.

*quelle reconversion si c'est la cas...*

Elle lui adressa un sourire de circontance et lui désigna de quoi poser ses affaires.

"Je vous suis reconnaissance d'avoir bien voulu venir jusqu'ici! je suis tellement occupée que je ne parviens que rarement à sortir de ce château!"

Elle montrait toujours une table basse où il pourrait poser ses affaires, et quand il fut débarrassé il proposa à Elisabeth de voir le croquis. Sur le moment elle tendit la main mais alors qu'il lui proposait une surprise son tempérament, pourtant enfouis, Aqua surmonta sa curiosité.

"Oui, une surprise... pourquoi pas...J'ai vraiment hâte de voir ce que vous aurez fait de mes quelques petites idées..."

Son oeil brillait et elle ne fit pas vraiment attention à Narcisse qui la détaillait.

*ce doit être un calcul de mes mesures...un geste professionnel* se dit-elle.

Elle leva les sourcils et interrogea le créateur du regard sur la suite des évènements.

Citation :

"Je vous suis reconnaissance d'avoir bien voulu venir jusqu'ici! je suis tellement occupée que je ne parviens que rarement à sortir de ce château!"

Narcisse occupé à admirer sa future conquète, - et il n'en doutait pas une seconde, en fait, l'idée d'échouer ne faisait même pas partie de sa conception du monde - rebondit sur les paroles de la directrice avec un petit regard en coin qui en disait long sur les pensées lubriques qu'il pouvait avoir.

"Oh, Madame ! quel dommage ! Priver le monde de votre beauté, n'est ce pas un crime ?" Puis avec un sourire charmeur et sa voix douce et ensorceleuse "Si cela ne tenait qu'à moi, je saurais bien vous faire voir un peu ce monde que vous négligez par devoir..." en attendant, l'idée qu'Elisabeth fut ainsi prisonnière de ces murs le chagrinnait vraiment, sincèrement.

Qu'il aurait été doux de passer un peu de temps avec cette femme consciencieuse au point de ne plus penser à elle... *Imaginez un peu ce que cela donnerait si elle s'occupait de moi ?!* Il lui aurait bien montré les plaisirs de la vie, lui !

Elle accepta de ne voir la robe qu'une fois sur elle, bien que la surprise ne fut pas d'une très grande taille connaissant déjà les grandes lignes, il en fut ravi... Mademoiselle Eidos commençait déjà à apprécier à ses cotés les fameux plaisirs de la vie. Il sourit et la prévint gentiment : "Je vais prendre vos mesures... ça ne fait pas mal... Conficiendam Metiri !"

Aussitôt, les paillettes s'élevèrent transmettant à Narcisse chaque détail de l'anatomie de la jeune femme. Et alors que les paillettes l'engloutissaient doucement, il ferma les yeux pour en profiter pleinement... *J'adore ce métier !*

Une fois les mesures prisent, et tout en pensant que la directrice portait bien son nom - Elisabeth la magnifique - il commença à ordonner les étoffes qui s'assemblèrent unes à unes, formant un jupon, puis la robe elle-même. Comme dans le premier croquis, la poitrine resta ajourée une petite minute *délicieuse...* avant qu'il ne la comble de la magnifique gemme noire qu'il avait trouvé pour elle. Puis, les broderies firent leur apparitions sous la baguette du sorcier tout à son oeuvre...

La robe demanda un bon quart d'heure à être façonnée ainsi. Le camaïeu des étoffes n'était pas évident pour qu'il soit harmonieux et les rajouts de tissu sur le coté droit, tenu uniquement par la petite chainette de broderie à gauche au niveau de la taille eurent du mal à trouver leur place, soit trop haut, soit trop bas...

Mais enfin, après avoir placé le châle sur les épaules de la jeune femme, il soupira d'aise. La robe, enfin était terminée. Il s'inclina devant sa reine, puis lui prit la main et la tourna vers le grand psyché de sa boutique qui tout à coup, était apparut en plein milieu de son salon. "Vous êtes magnifique..." lui souffla t-il très près d'elle, sous le prétexte d'arranger un voile. Il fit un sourire charmeur au reflet dans le miroir et attendit de voir un peu anxieux ce qu'elle en pensait... ICI

Citation :

"Quelle merveille !"

avait elle dit ! Ah ! Il en fallait si peu pour que le couturier soit heureux... Le baiser d'une femme, ou les courbes offertes d'une autre, le regard ensorcelant de Samantha ou la bouche prometteuse d'une intrépide Fanny, ou encore la distance s'amenuisant d'une insaisissable Mélissandre... Ou encore une femme en extase devant ses créations... Narcisse était heureux et aurait bien prolongé ce bonheur par quelques... enfin vous voyez quoi... Et déjà révant des caresses d'Elisabeth, il se laissa surprendre par sa volte face. Déjà, elle lui avait retiré sa main, et là se rembrunissait. *Où ? où ? où est ce foutu défaut ?*

Son sourire avait disparut et ses yeux cherchaient désespérément ce qui ne convenait pas à la jeune femme... Il écouta brièvement ce qu'elle disait qui n'éclairait en rien son brouillard, jusqu'à ce qu'elle parle de la coiffure... Alors, son sourire revint. Il soupira longuement tellement il se sentait soulagé... Non, ce qu'elle désirait, c'était un accessoir pour aller avec sa robe, et lui qui justement avait cherché dans ses affaires pour trouver quelque chose, et il l'avait oublié !... "Mais oui, belle dame... cela est compatible.." dit il avec un enthousiasme qui révélait clairement le trouble dans lequel il s'était trouvé un instant auparavant.

Il farfouilla dans le reste des étoffes et en sortit un peigne argenté. Il le plaça délicatement dans les cheveux de la belle, mais pour une fois n'en profita pas pour assouvir un autre de ses plaisirs, et puis, de toute façon, le chignon était déjà fait... Alors il installa bien vite le peigne qui fit une auréole discrète et argentée tout en haut du chignon... "Ah !" dit il content de lui même, à cent lieux de se douter que la jeune femme avait d'autre préoccupations plus profondes que sa coiffure, cependant, il avait noté chez elle une tendance à hésiter à porter une telle robe, pourtant faite selon ses rêves et tout à fait sage bien qu'il ait essayé de la dévergonder un peu... Mais bon, le terme "outrageant" qu'elle avait utilisé pour décrire le petit rond ajouré au niveau de la poitrine de la première version lui avait donné une idée du personnage...

"Vous êtes tellement belle, madame, et cette robe vous va si bien... Le devoir, c'est bien, mais il faut se lacher aussi de temps en temps, c'est ce que vous disiez non ? Ce bal, c'est votre exutoire ?!"*Aïe ! Je n'aime pas trop la tournure des choses ! Ce dialogue commence franchement à ressembler à du "Narcisse, tu es mon meilleurs ami !" Il faut rectifier le tir !*

"Regardez vous, à présent, coiffée ainsi..." lui souffla t-il sensuel " Ce n'est pas la robe qui fait la femme, belle dame, c'est la femme qui fait la robe... Et vous aurez beau faire, cette robe vous ressemble... Magnifique..." Il allait l'appeler Magnifique Elisabeth, mais s'était reprit avant... C'est qu'elle lui faisait de l'effet ! Elle le flattait, et puis lui faisait peur, il en perdait ses moyens, voulait aller trop vite, mais les femmes aiment prendre leur temps ! *Doucement Narcisse... doucement... en souplesse...* et puis à lui demander son avis sur des choses aussi graves ? Non, mais franchement ?!

Tout à coup, en songeant à tout ça, il se mit à sourire. Elle portait bien son nom, cette magnifique tigresse ! Elle avait faillit l'avoir ! Mais de toute évidence, il avait affaire à une adversaire de marque, rusée comme la renarde... Il l'adora sur le champs !

Narcisse était un charmeur et si ses caresses de voix ne faisaient qu'un mince effet sur l'intransigeante directrice, cela lui permit tout de même de continuer à regarder cette robe, à s'habituer à cette idée qu'elle allait s'offrir un plaisir personnel, une exception dans sa vie si calculée, un petit coup de folie, son exutoire comme rappela le marchand.

Sans la présence de Narcisse à ses côté qui la cajolait de compliments, elle aurait sûrement déjà jeté un sort pour retrouver sa terne tenue et oublié même l'idée d'aller au bal... Là, elle regardait sans sciller le psyché, scrutant la nouvelle Elisabeth qui s'y refletait.

Bientôt, quand elle parla de sa coiffure il rajouta un léger peine argenté qui donna tout son charme simple à son chignon et tira un sourire chez la directrice.

"Après tout...ce ne sera qu'une soirée..." murmura-t-elle, cherchant à s'auto-convaincre...

Narcisse finissait de l'enrober de compliment et Elisabeth frissonna soudain, sentant le souffle du marchand si proche d'elle. Alors qu'elle chassait la chair de poule d'un frottement sur ses bras, elle regarda l'homme.

"Vous avez su me convaincre Monsieur Chanterune...Et vous avez fait une oeuvre magnifique de ces tissus. Je vais prendre la robe et la coiffe..."

Elle sourit et osa se regarder une dernière fois dans le psyché puis tourna les yeux.

Il ne fallait plus trop réfléchir maintenant, l'achat sans être compulsif devait se faire sans que les démons d'Elisabeth reviennent trop vite la raisonner...

Elisabeth était convaicue pour la robe, mais pas pour le couturier qui allait avec. Sa voix parut presque désagréable aux oreilles du commerçant. Comment pouvait elle rester de marbre aux efforts qu'il déployait pour l'ensorceler ? Etait elle froide à ce point ? En attendant, en la voyant se frotter le bras alors qu'il avait essayé d'éveiller en elle quelques troubles par la magie de la chaleur de son haleine qu'il entretenait à cet effet, il en fut quelque peu ébranlé.

Il allait repasser à l'attaque, quand la jeune femme lui asséna un coup fatal ! Elle cloturait déjà la vente ! sans un mot à son égard... *ouille !* Quel coup terrible ! Narcisse se sentait profondément blessé ! Une femme lui résistait ! A lui qui ne résistait à aucune femme !!! C'était impensable !

Il tenta une dernière manoeuvre. "Très bien très bien ! Mais laissez moi vous offrir ce peigne. Un bien modeste cadeau pour une femme aussi belle que vous. Que ne ferais je pour être ce peigne, qui ornera vos cheveux même le temps que d'une seule soirée..." La dernière phrase chuchotée... Ting sourire charmeur force maximum !

En bon commerçant, il lui indiqua le prix de la robe : 25 Ma. Il la dévétit d'un coup de baguette et elle se retrouva dans ses habits d'origine. Narcisse rangea la robe soigneusement sur l'accoudoir d'un fauteuil prenant soin qu'elle ne fasse un mauvais pli.

Elisabeth ne se rendait pas compte du malaise intérieur du marchand, n'imaginant pas que conclure la vente ou rester simplement, et juste, courtoise, était loin de ce qu'il attendait.

Alors il lui offrit son peigne et Elisabeth lui adressa un sourire.

"Oh, merci beaucoup..."

Cependant, ses mots s'arrêtèrent soudain. Elle venait d'entendre la fin de la phrase du couturier et elle ne put contrôler l'idée qui lui sauta à l'esprit.

"Vous...vous voulez...être mon peigne??"

Elle se pinça fortement les lèvres, c'était irrésistible. Elle sentit le rire déjà lui secouer les épaules et elle comprit qu'elle n'arriverait pas à tenir.

Ses lèvres pincées frémissaient et bientôt son rire fusa, affreux coup de poignard pour Narcisse peut-être mais impossible à éviter pour Elisabeth.
Elle réentendait la phrase du marchand, déclarant avec le sérieux et l'air charmeur qu'il voudrait être...son peigne! Elle n'aurait peut-être pas rit autant s'il avait déclaré vouloir être sa robe qui l'entourait ou sa paire de chaussure...

Peut-être que des femmes auraient fondu dans ses bras en l'imaginant vouloir être leur peigne à cheveux, mais pour Elisabeth, ce fut sa franchise Aqua qui éclata, montrant que ce n'était pas ce genre de phrase qui pouvait lui faire quoi que ce soit.

Cependant, elle chercha à rattraper le tir et se calma bientôt par une pirouette.

"Narcisse, mon cher, votre humour est vraiment adorable!"

*qu'il y croit, par pitié!*

Elle essuya ses yeux brillants de son rire et regarda son peigne à cheveux, sentant encore le fou rire lui enserrer le ventre. Elle en rirait sûrement encore le soir du bal, au moment de le mettre.

"Il est...superbe en tout cas...et...je suis très flattée de ce présent que vous me faites..."

En attendant, elle avait accioté sa bourse d'argent et sortit deux pièces d'or et deux d'argent, essayant d'oublier son fou rire nerveux.

(Mdr ! Arrete ! J'en peux plus ! )

Narcisse en voyant sa cliente se moquer clairement de lui fit une tête des plus vexées ! En plus, il ne voyait vraiment pas ce qu'il y avait de risible là dedans... ??? *Ben quoi ? Comprends pas où il faut rire ?! C'est vachement sensuel, les cheveux ???!*

Citation :

"Narcisse, mon cher, votre humour est vraiment adorable!"

enfin un compliment pour lui... Enfin, il l'aurait sûrement flatté s'il avait comprit... Mais il fallait se faire une raison, non seulement elle était hermétique à son charme irrésistible, *ça, c'est la preuve d'un grand amour ! Elle doit aimer quelqu'un tellement fort, qu'elle ne me voit même pas !* mais en plus elle et lui n'était pas sur la même longueur d'onde... *Entre elle et moi, hélas, ça ne collera pas ... (soupir) il faut se rendre à l'évidence, certaines personnes ne sont pas faites pour s'entendre...*

Mais il restait quand même bigrement vexé... Curieux de connaître l'heureux élu du coeur d'Elisabeth qui la rendait aveugle devant le charme de Narcisse, il se promit de voir, lors du bal qui avait osé lui mettre un tel baton dans les roues...

Lorsqu'elle lui paya les 22 Ma au lieu des 25, il n'eut même pas le coeur de la reprendre et s'inclina très bas, respectueux cependant. Narcisse pouvait, à l'occasion, se montrer bon joueur, bien qu'en ayant passé la porte des appartements d'Elisabeth Eidos, il cherchait encore ce qui avait put la faire rire ainsi... Enfin, c'était déjà ça de prit. Elle avait rit. Il ne savait comment il s'y était prit, mais elle avait rit ! En parcourant les couloirs qui le ramenaient vers sa boutique, il se prit à espérer qu'un jour, lorsque l'autre aurait perdu de ses attraits... Peut-être...