D'une visite à une promenade.

Devant la directrice, Eleanora flottait à quelques centimètres du sol. Elle se sentait humiliée de marcher ainsi devant elle. Élisabeth ne la considérerait jamais comme une égale. Elle n'était qu'une... créature. Après tout, était ce comme ça qu'Elisabeth la voyait ? Comme une créature gênante du château? Une vielle araignée grinçante ?

Marchant en silence, Eleanora réfléchissait a ce qu'elle allait lui dire exactement. Ses souvenirs étaient parfois un peu flou. Peu importe, Elisabeth aurait ce qu'elle voudrait, et Eleanora aussi.

Elle promenait ses yeux sur les tableaux du château, après être passé devant le tableau d'affichage jusque devant le bureau, Eleanora avait tourné à gauche et pris les escaliers en colimaçon juste à coté, descendant vers les sous sol.

(je sais plus où est l'antre selon les plans...
EDIT : On descend donc vers les sous sol...)

(EDIT HJ : Chouette, merci de m'accueillir !)

Darius se dirigeait vers le bureau de la directrice d'un pas traînant. Il souhaitait lui demander des précisions sur les sorties qu'il projetait dans le cadre de ses cours.
En effet, le fait que sa première sortie ait fini si tard le préoccupait.
Mais par-dessus tout, il voulait l'interroger sur la présence des vermines du ministère qui étaient venues pourrir un de ses cours.

*Mort*

Il frissonna, les yeux soudain à l'affût.
Cette sensation de vide glacial dans l'estomac ne signifiait qu'une seule chose. Il y avait des fantômes trop proches de lui.
Et comble de la poisse, il n'avait pas encore eu le temps d'enchanter son médaillon pour repousser les esprits...

Il vit bientôt arriver, face à lui dans ce couloir, une belle morte qui flottait gracieusement, l'air revêche, suivie... de la directrice ?!

Il cligna des paupières, indécis.
Allait-il chasser l'importune pour obtenir son entretien ? Mais vu la mine concentrée de la jeune Eidos, ce serait sans doute malvenu.

Brièvement, il se fit la réflexion que son séjour à Elementia l'avait bien changé... Il n'y avait pas si longtemps, il ne se serait même pas posé la question de savoir s'il dérangeait ou non...

Quoi qu'il en soit, il préféra laisser l'initiative de la parole à la jeune directrice, en restant figé sur place.

Darius ne se serait jamais jamais attendu à ce que la fantôme ait l'audace, la grossièreté, que dire, la malveillance de le traverser comme s'il n'existait pas !!
Il pouvait se protéger du contact des vivants grâce aux vêtements, et à ses gants. Mais pour les fantômes, c'était bien vain...
Lorsqu'il réalisa ce qui allait arriver, il était trop tard.
Il tenta bien un pas de côté, mais ne put éviter la silhouette spectrale.

Aussitôt, il sentit son corps se raidir.
Sa vision devint instantanément floue, grise, le couloir et la directrice s'effacèrent complètement, tout devint noir.

Une odeur de verdure, comme des jardins après la pluie. Une musique de pavane enchanteresse. Ravissement. Exitation. Quelqu'un jouait de la flûte dans la lumière du petit matin. C'était très important.
Un troupeau de jeunes gens suivant une demoiselle terriblement belle. Satisfaction. Amusement.
Des robes, des poulaines, des miroirs, des sourires. Facile. Ennui.
Des lumières vives, mouvantes. Des sorciers vêtus à la mode médiévale, parés de bijoux de prix... Des danses désuettes, de la musique ancienne, un banquet plantureux. Rires, ivresse.
Une pièce sombre, sans fenêtres, aux larges pierres apparentes. Un linteau frappé d'une chimère. Peur. Douleur. Trahison !!
De la colère, de la colère, DE LA COLERE !

Pour des yeux extérieurs, le vieil homme tomba à la renverse dès qu'Eleanora l'eut traversé, et fut pris de terribles convulsions une fois au sol. On aurait dit une marionette démente aux yeux exorbités.
Son teint avait franchement viré au gris et sa peau se couvrait rapidement de sueur.
Il frappa le sol et les alentours, dans des gestes désordonnés et violents, se cognant la tête, respirant par saccades et gémissant des syllabes incompréhensibles.

La directrice suivait le fantôme à une distance plutôt courte mais bien présente. Etrange cortège que celui des deux femmes si différentes, chacune plongée dans des pensées troublantes. Elisabeth ne perdait pas de vue le spectre devant elle, mais si elle avait le visage fermé et silencieux, son esprit s'activait vivement et ses pensées s'entrechoquaient. Elle aurait aimé se lancer un sort pour que toutes reviennent en ordre et elle aurait aimé se lancer une vague d'apaisement, se sentant proche de perdre un peu pied dans cette marche vers des renseignements qu'elle sentait porter la douleur.
Alors qu'elles s'apprêtaient à descendre vers le premier sous-sol, Darius Hautecaste fit son apparition, étant sur leur passage.

La première réaction d'Elisabeth à sa rencontre aurait simplement été de le saluer d'un signe de tête, voir d'un "bonsoir professeur" poli mais de continuer sa marche et sa "quête".

Cependant, dans le château d'Elementia, les choses ne se passaient pas toujours comme on le prévoyait et là suite des évènements confirma cette règle.

Sous le regard froid de la directrice elle vit le fantôme traverser le professeur et ne put s'empêcher d'imaginer la sensation que devait vivre Darius, frissonnant elle-même à l'idée de cette douche froide qu'elle avait parfois vécu.

Mais à peine son frisson était passé que le vieil homme tomba au sol, à la renverse et fut prit de convulsions terribles, créant dans le couloir un écho sinistre, celui des coups de ses membres et de son crâne sur le sol du château.
La directrice n'eut qu'un sursaut de surprise avant de se jeter au sol et de saisir le professeur en pleine crise.

Elle s'était mise à genoux et fit en sorte que la tête du viel homme ne rebondisse que sur ses cuisses et plus sur le carrelage. Elle matérialisa alors une sorte de serviette en chiffon d'un coup de baguette maladroit et celle-ci retomba heureusement sur la tête de Darius. La directrice forca alors les mâchoires du professeur pour lui caler la serviette dans la bouche. Elle avait entendu parler de ce genre de crise et de la nécéssité de faire mordre quelque chose à la personne concernée, afin d'éviter qu'elle morde, ou avale sa langue...

Les visions de Darius étaient comme un cauchemard dans lequel il tombait en hurlant dans un abîme sans fond.
Il voyait, entendait et ressentait des choses, mais cela finissait par s'arrêter, et à ce moment, il se réveillait.
Hors, la vision provoquée par l'ignoble fantôme commençait à peine à s'atténuer qu'il se produisit une anomalie.
Le vieil homme eut l'impression que sa chute cauchemardesque, loin de se terminer dans une sorte de brume, débouchait sur un choc très violent, comme s'il avait heurté une paroi, et sur une nouvelle chute.

Elle marchait tranquillement dans les couloirs de l'Ecole, comme tous les jours. Préoccupation, routine. Une odeur de pluie, une lumière crépusculaire. Un lustre teintant supportant un nid, un angle, une petite élève. Etrange, anormale. Ses yeux sont vides, ses habits sombres. Surprise. "Lili ?" Un artefact brille vivement autour du cou de la gamine. Elle lève mollement sa baguette... le premier mot du Sort de Mort retentit dans le silence. Et Eidos qui ne réagit toujours pas...

Ce vert si caractéristique, puis du vert sombre, du gris foncé qui s'éclaircit, une forme qui devient un visage, qui s'avère être celui, précisément, de la jeune Eidos.
Une sensation de froid et d'étouffement.

Darius s'aperçut qu'il était maintenu par la jeune directrice, et força son corps à rouler sur le côté, pour lui échapper.
Il cracha quelque chose, une sorte de chiffon qu'il avait dans la bouche, et reprit péniblement son souffle.
Il était glacé, brisé, et serait volontier mort, juste pour fuir ces horribles sensations qui le broyaient.

"Que plus personne, ni vivant ni mort, ne me touche !" parvint-il à prononcer.

Il était écartelé entre la colère et la peur, tout imprégné encore des émotions venues de ses visions.

Sur la défensive, il tenta de reprendre suffisamment de forces pour attraper sa baguette, au cas où quelqu'un voudrait l'approcher.

La directrice pensait apaiser le vieil homme et lui éviter des blessures en le maintenant. Etrangement, pourtant, Darius Hautecaste ne trouvait pas le calme espéré et au contraire semblait toujours plus convulsant.

Deux prunelles voilées qui apparaissent et soudain un courant d'air glacé par dessus elle. Eleanora partait! Elle s'enfuyait...
Tout ceci alla si vite qu'Elisabeth n'eut tôt fait de réaliser la fugue du fantôme que Darius se dégageait de son emprise pour rouler sur le côté et crache son chiffon et une phrase qui intimait qu'on ne le touche plus.

Elisabeth Eidos, elle, étrangement calme, frotta ses mains sur sa robe et souffla un instant en observant la scène. Un professeur essayant de reprendre ses esprits et sa santé au sol, une directrice agenouillée sur le carrelage comme si c'était elle qui l'avait attaquée, et autour d'eux, le silence et le vide. La directrice ne pensait pas à la possibilité qu'on l'observe discrètement, fantôme ou non.

"Professeur...vous vous sentez mieux?" demanda-t-elle tout en se levant doucement, partagée entre une maîtrise d'elle-même et une grande lassitude.

Elle attendit que le professeur lui demande de l'aide, s'il en avait besoin, ayant parfaitement entendu son message.

Il éprouvait la colère et le désir de vengeance de la fantôme, en même temps que la surprise et l'horreur de la petite Eidos.
Le plus difficile après le fait de ressentir profondément des émotions qui n'étaient pas les siennes, c'était de reprendre son souffle.
Les écorchures et les bleus, ce n'était rien, finalement.

Mais quand l'ingénue directrice lui demanda s'il se sentait mieux, il se sentit sur le point d'exploser !

"Ha, oui !" haleta-t-il. "Oui, j'adore... faire deux crises... en même temps... C'est... un tel bonheur !!"

Il parvint enfin à saisir sa baguette, et, de toute la force de sa volonté, obligea sa carcasse à se relever. Il s'adossa au mur, encore tremblant, hors d'haleine, et fit face à Eidos.

Quelle idiote débile de ne pas s'être souvenue de son aveu !! Le jour même de son arrivée, il lui avait parlé de sa capacité maudite, et elle, elle l'oubliait suffisamment pour lui infliger ça !!!
Vengeance !
Colère, peur !

Les sortilèges impardonnables n'étaient qu'au nombre de trois, uniquement parce que les dégénérés du ministère manquaient d'imagination.
Lui, il connaissait et avait même inventé des sorts nettement plus ignobles que le contrôle, la souffrance physique et une mort brève et propre...

Ses dents grincèrent et ses yeux scintillèrent de rage.
Autour de sa vieille baguette aussi noire et tordue qu'un vieil arbre, un phénomène malsain, comme un nuage qui absorberait toute lumière, se développa rapidement.
Il sentit qu'il allait faire une bêtise.
*Darius ! Tu ne vas pas faire ça à cette gamine !* réalisa-t-il soudain, alors qu'il levait la main pour libérer son maléfice, bien plus vite que ce que son apparence décrépite et blessée pouvait laisser présager.
Il changea son mouvement au dernier moment, et l'air hurla lorsqu'il le fendit d'un mouvement de taille vers le sol. Un froid intense se répandit en vague dans le couloir, et le sol à ses pieds se craquela tandis que le tapis le plus proche racornissait comme sous l'effet de l'âge.
Le maléfice était dissipé, heureusement sans avoir fait de mal.

Il posa ses mains gantées sur ses yeux en un geste de désespoir, et se laissa glisser le long du mur jusqu'à arriver en position assise. Ou affaissée, plutôt.

"Cette colère... est à Nora." s'excusa-t-il. "Moi aussi... je suis en colère... mais cela va passer. Laissez-moi... quelques minutes... juste... quelques minutes..."

Il avait tant de choses à dire...

Elisabeth semblait immobile et pourtant, les choses s'animaient en elle avec précipitation. Les sensations premièrement, elle se savait prête à jeter sur le professeur n'importe quel sort d'elementarisation digne de ce nom. Elle sentait sa colère et sa magie malsaine, en même temps que l'indignation l'emplissait.
La directrice avait agit instinctivement, ne réagissant qu'au son atroce du vieillard frappant le sol. Elle n'avait nullement analysé la crise, déjà trop troublée par ce début de journée, entre le fantôme, les révélations, cet incident avait été la goutte d'eau et elle n'avait, certes, pas réfléchis avant de se jeter sur le professeur, et d'entrer en contact avec lui.
Cependant, sa maladresse ne justifiait ni l'ironie cinglante qu'il utilisait ni cette aura magique malsaine qui flotta soudain dans l'air.
Les mains d'Elisabeth s'écartèrent aussitôt et une sorte de lumière blanche en sortit, alors que ses yeux perçaient le vieux professeur.
Elle était certe une gamine mais elle n'avait pas peur, et elle se sentait prête à ce combat inattendu. Après tout, elle avait bien vaincu un démon quelques temps auparavant...

Le sortilège fut détourné par une soudaine prise de conscience chez le professeur et la directrice vit sur le sol du chateau les dégats qu'il aurait pu lui faire. Elle frémit et la lumière quitta ses mains, provoquant une sorte d'electricité en elle qui fit crépiter les mêches de ses cheveux.

Elisabeth entendit le professeur s'excuser, ou du moins expliquer son geste mais elle ne se détendit pas pour autant. De la même façon, ses lèvres ne parvinrent pas à se déserrer. La jeune directrice de l'école venait de subir un moment d'intense stress et elle avait vu passer en elle la sensation de danger pour elle évidement mais aussi pour son école et ceci la figeait sur place dans un sentiment qu'elle ressentait rarement. Elle voyait dans cette situation un écho de ses peurs cauchemardesques et elle ne voulait pas parler, sachant que ses mots dépasseraient ses pensées.

Elle était telle une statue, figée et glacée et si le professeur requierait une minute, elle-même en avait besoin de bien d'avantage.

(HJ : Alors comme ça, Mademoiselle a vaincu un démon toute seule ? Hum ? Comme on se la pète ! )

Dans un silence glacé, brisé seulement par la respiration laborieuse du vieil homme, les minutes s'écoulèrent.
Peu à peu, les souffles se firent moins audibles et moins fréquents, jusqu'à ce que tout soit revenu à la normale.

Darius finit par réussir à se purger des émotions qui ne lui appartenaient pas. Ce qui le soulagea en partie de sa souffrance et lui permit de repenser plus sereinement.
Il réfléchit brièvement à ce qui venait de se passer.
Il n'était pas fier de lui, mais la petite avait réagi à merveille. Elle avait drôlement du cran, pour une gamine seule.

Sortant son visage de ses bras, il posa ses yeux fatigués sur Elisabeth, et la vit plus tendue que la corde d'un arc.

*C'est sûr, je vais me faire renvoyer avec pertes et fracas...*

Mais il devait tout de même l'avertir. Elle ne méritait pas de mourir si bêtement.

" J'espère que vous réagirez aussi rapidement et aussi bien lorsqu'elle vous attaquera.
Cette petite élève...
Je ne la connais pas, mais vous l'avez appelée Lili..."

Il hésitait entre tout débiter d'un coup avant qu'elle ne lui annonce qu'il devait quitter le château sur le champ, ou lui laisser le temps d'intégrer les révélations qu'il s'aprêtait à lui faire.

(Bon, pas vraiment toute seule... ok...looool)

Si le vieil homme calmait son souffle,Elisabeth, elle, essayait de reprendre une respiration plus vive, plus claire, car elle restait encore légèrement bloquée, le ventre bourdonnant de sa peur ravalée.
Il ouvrit la bouche et elle eut un imperceptible mouvement des yeux pour analyser tout ce qui pourrait en sortir, encore sur le qui-vive malgré qu'on voyait bien qu'il s'était "retrouvé".

Ses paroles faillirent bien lui faire perdre tout son contrôle. Elle sentit ses épaules s'éffondrer sous un poids certain et du s'appuyer sur le mur qui était tout près d'elle.

Elle n'avait encore pronnoncé un mot mais ses yeux jetaient de nombreuses interrogations.
Evidement que la directrice avait eu la furieuse intention de clairement dire ce qu'elle pensait de leur "incident" à Darius, n'ayant pas peur de fustiger cet homme qui pourrait être son père ou son grand-père, mais là, elle en avait perdu son idée première d'intervention.

"Lili...?" demanda-t-elle finalement...

"Soyez plus clair." demanda-t-elle sans prendre le temps de faire de la forme ou de chercher à être polie.

A l'instant même elle avait complètement oublié Eleanora.

Paul suivait les choses avec intention, quel trio surprenant, un professeur grognon, un fantôme, et la gentille directrice du château.
Tout d’un coup, il se passa quelque chose, au moment où le
fantôme passa à travers le professeur, celui-ci tomba a terre et convulsa, Paul se pétrifia… Que devait-il faire ??? Aller chercher du secours ? Aider la directrice qui visiblement tentait le lui venir elle-même en aide ?
Paul était comme paralysé, incapable de faire un geste, si le vieil homme mourrait, il n’aurait rien fait pour l’aider… Il ne remarqua même pas que le fantôme s’était enfuit.

Quelques instants plus tard, le professeur se calma puis se réveilla, il s’écarta vivement de la directrice et Paul pu entendre ce qu’il lui dit, il défendit quiconque de le toucher.
Lorsque la directrice lui demanda comment il se sentait, Darius répondit d’une marnière ironique et assez méchante.

*Sympa….elle lui a pratiquement sauvé la vie et il lui dit même pas merci… *
Le vieil homme avait l’air complètement perdu, fatigué et surtout, il émanait de lui une immense colère, il avait sortit sa baguette, Paul s’attendait d’une seconde à l’autre à le voir attaquer la directrice. Un bruit sourd retentit, visiblement, un maléfice avait été lancé, croyant qu’il visait la directrice, instinctivement, Paul voulut crier mais il se retint et lâcha un soupir de soulagement lorsqu’il constata que le sort avait touché le sol.

Quand il parla, Paul ne comprit pas vraiment ce que ces paroles voulaient dire.

Citation :

"Cette colère... est à Nora."
s'excusa-t-il. "Moi aussi... je suis en colère... mais cela va passer. Laissez-moi... quelques minutes... juste... quelques minutes..."

*Nora…. ?? qui est Nora ???*

Citation :

" J'espère que vous réagirez aussi rapidement et aussi bien lorsqu'elle vous attaquera.
Cette petite élève...
Je ne la connais pas, mais vous l'avez appelée Lili..."

Lili, Paul la connaissait, si c’était la même, il avait souvent eu cours avec elle, elle n’arrêtait pas de crier ou de hurler, ou de rigoler, très fort, il se rappela comment sa directrice de maison l’avait remise en place pendant un cours d’art magique. Que venait faire Lili dans cette histoire ? Et visiblement, elle ne tenait pas un beau rôle, Lili allait attaquer mlle Eidos ?

*Ppfff, et qu’est-ce qu’elle va lui faire, arracher un de ses cheveux -_- elle n’aurait aucune chance !*

Mlle Eidos lui demanda des précisions, Paul les attendit également avec impatience.

Darius fronça les sourcils : il s'efforçait de clairifier sa vision du futur de la petite Eidos sans la mélanger avec le passé de Nora.
Il joignit le bout de ses doigts gantés sans y penser, c'était un reflexe quand il se concentrait sur une formulation précise. Les yeux dans le vague, plongé dans ses souvenirs récents et pénibles, il expliqua :

"Ce sera un jour pluvieux.
Vous rencontrerez une petite fille au détour d'un couloir. Non loin d'un lustre dans lequel se trouvera un nid d'oiseau.
Vous l'appelerez Lili et vous serez surprise de sa tenue. A cause de sa couleur, je crois, bien que je comprenne pas trop pourquoi.
Elle portera un collier particulier, de toute évidence magique. Mais si c'est artefact, j'ignore lequel. Pourtant, j'en connais un grand nombre.
A ses yeux et à son visage inexpressif, il est évident qu'elle sera contrôlée ou possédée.
Profitant de votre surprise, elle vous lancera un avada."

Il releva ses yeux fatigués sur celle qui était encore son employeuse, même si ce n'était certainement plus pour bien longtemps.
Des questions lui venaient à l'esprit au fur et à mesure qu'il se sentait mieux.

"Ce n'est pas un futur ineluctable, évidemment. En prenant les devants, vous pourrez l'éviter.
Cependant, qui pourrait entrer dans cette école et y ensorceler impunément des élèves ? Et dans quel but ?"

Ses paupières se plissèrent :

"Quelle est la cible ? Cette école, un élément de ce château ou... quelqu'un ?"

(j'avais même pas capté le rapport Eleanora / Nora... je suis NULLE)

Le vieux professeur joignit ses doigts en une sorte de triangle de sagesse, une espèce de symbole de sa concentration, sa réunification avec ses pensées, commme si chacun de ses doigts joints était la marque de la liaison de ses visions avec ses pensées actuelles.
Elisabeth était plantée bien droite, fixée avec stabilité dans le sol, sans plus une trace de doute ou de stupeur, elle attendait les explications, se doutait qu'elles seraient importantes et qu'il ne fallait rien en perdre.

Un jour pluvieux... Un couloir.

Les sourcils d'Elisabeth se froncèrent devant certains détails. Un lustre avec un nid, Lili...une tenue étrange.

Comment Lili pouvait participer à une telle vision? Et surtout quelle conclusion?? Un avada...

Le mot fit chanceler la directrice qui se croyait pourtant bien posée dans son écoute du professeur. Une main sur la poitrine, elle entendit le nom du sort raisonner, comme si son souvenir en ces propres lieux venait faire un écho. Elle frissonna, eut un gorgée acide qui remonta jusqu'à sa langue, la faisant pâlir et elle baissa les yeux le long moment qu'il lui fallut pour laisser passer cette sensation de dégout curieux. D'autant que tout ceci associé à l'innocente Lili avait quelque chose d'encore plus écoeurant.

Elisabeth entendit bien les questions du professeur et évidement, le doute, le soupçon plongea directement vers ces interrogations sur ces potions maudites, ces attaques de moldus, cette aura malsaine qui serait venue d'Elementia... et la recherche discrète que faisaient les envoyés du ministère.

"J'espère bien le découvrir et faire de cette vision une future farce...mais..."

Elle se tut soudain. On lui avait recommandé le silence et elle avait faillit se perdre dans une révélation un peu trop précipitée.

"Je dois faire le point... je dois réfléchir..."

Elle avait pour le moment oublié leur affrontement et sa raison première de sa présence dans le couloir.
Elle jeta un oeil vers le lustre non loin, essayant de voir si un nid s'y formait déjà... Comme il lui arrivait rarement, la directrice était fortement troublée et non maîtresse de ce qu'il se passait, ou se passerait dans son château.

(HJ : )

Darius soupira lorsque la jeune femme éluda plus ou moins sa question.
Il se sentait si fatigué qu'il serait volontiers resté là jusqu'au lendemain...
Il commençait à avoir du mal à parler au-delà du murmure et se fit violence pour continuer à s'exprimer normalement.

"Je ne suis pas professeur de formation, vous le savez.
Je suis enchanteur.
J'aimerai que vous me laissiez vous confier un objet qui vous protègera d'un sort mortel."

L'objet auquel il pensait n'était certainement pas légal, étant donnée la façon dont il l'avait conçu.
Et il lui en coûterait sans doute de le fabriquer.
Mais il s'en moquait. Il tenait à s'excuser auprès de la petite directrice d'une manière plus concrète qu'avec des paroles.
Il se savait orateur médiocre, mais concepteur d'artefact doué. C'était plus que son métier, c'était là où il pouvait donner pleine mesure à son imagination et à sa puissance de sorcier.

"Il ne fonctionnera qu'une fois, mais si cela suffit, je m'estimerai satisfait.
Je..."

Les mots ne venaient pas.
Pourtant, il se reprochait vraiment d'avoir failli utiliser un maléfice aussi terrible sur une jeune femme qui n'était pas son ennemie.
Il baissa les yeux et appuya l'arrière de son crâne contre le mur, en un geste exprimant tout l'épuisement qu'il ressentait.
Il passa ses mains gantées sur ses paupières et rafermit sa voix autant que possible pour annoncer :

"Vous avez raison, il faut réfléchir.
Si vous voulez bien, je viendrai discuter avec vous lorsque je serai remis..."
Il soupira :
"Cela faisait tellement longtemps que j'avais réussi à éviter toute crise... Si Nora s'était souvenue des quelques bonnes manières qu'elle avait de son vivant, rien ne serait arrivé."

Elisabeth avait les mains crispées sur son ventre, peut-être pour tenter d'y dénouer l'entrelacs de ses entrailles face à la peur de voir la stabilité de son château mise à rude épreuve. Ses élèves, son école, elle ne s'était jamais sentie autant posséssive. Il était hors de question qu'un mal vienne s'immiscer ici, si lourd qu'il pourrait transformer la naïveté d'une élève comme Lili Fricoti.
Il était difficile de garder pour elle ses questions, ses doutes, et le peu d'informations qu'elle avait, mais elle ne savait pas encore à qui parler et si Darius était peut-être un probable allié et une oreille attentive et conseillère, ce n'était ni le lieu ni le moment de se laisser aller à la confidence.
Le vieil homme lui proposait déjà de lui confier un objet enchanté de sa fabrication, qui lui permettrait de se protéger d'un sort mortel.
Elisabeth le fixa, interdite. Elle n'avait jamais imaginé la réalité d'un tel objet et se doutait parfaitement que sa réalité serait dûe à d'épuisant travaux magiques et à des méthodes certainement non reconnues et acceptées par le ministère de la magie.

Qu'importe, elle sentait si fort la peur en elle en cet instant qu'elle n'eut autre instinct que d'hocher la tête en assentiment.
Où était passée sa lourde carapace? Où était passée son assurance et son armure entourant son être, son esprit et son coeur?. Avait-elle fondue comme neige au soleil avec ces quelques larmes pleurées dans les bras d'Edward au noël dernier?n Les sentiments tendres venaient-ils petit à petit souffler toute sa force?

Elle constata alors l'état d'épuisement de son professeur et se reprit enfin. Elle décroisa ses mains et afficha un visage concentré et plus digne.

"Je vous sens effectivement épuisé. Madame Poivron ne saurait certainement pas vous remettre totalement, mais elle aura forcément pour vous quelque potion revigorante..."

Mais l'homme parlait toujours, essayant de rassembler ses forces restantes dans ses mots et à ce moment revint le nom de Nora.
Elisabeth nota une certaine ironie dans ses paroles mais il fallut qu'une gymnastique se fasse dans ses pensées embrouillées pour que soudain le tilt se fasse.

"Nora!" dit-elle en remettant tout à coup les pièces de ce puzzle là en place.

Nora était bien le diminutif d'Eleanora, et Darius parlait d'une personne visiblement décédée puisqu'il parlait des manières "de son vivant".

La question était si brûlante qu'elle quitta les lèvres d'Elisabeth avant que celle-ci ne la retienne par convenance.

"Vous avez donc eu une vision concernant Eleanora?"

Le don de Darius était si spectaculaire pour une personne vivante, le savoir fonctionnant sur un spectre était parfaitement intriguant.

Elisabeth se tut en réalisant sa curiosité bien mal venue et bougea enfin un peu plus près du professeur.

"Allons à l'infirmerie je vous prie" dit-elle pour changer de sujet.