Le retour attendu d'Agathe

Agathe avait quelque peu hésité avant d'utiliser un moyen de transport non conforme à Elementia. Mais elle s'était souvenu, plusieurs années dans le passé, de son premier voyage à dos de dragon, et se souvint qu'elle s'était à l'époque promit de ne jamais refaire quelque chose d'aussi dangereux... Surtout qu'elle était à présent fragile, son corps était faible et elle résistait difficilement à des vents violents ou à des choses périlleuses...

Dans l'appartement de sa mère, où elle vivait depuis son retour de l'école, la jeune femme utilisait souvent un portoloin, camouflé en une vieille coupe que sa mère avait reçue à l'école en guise de récompense pour on ne sait quel concours. Elle était pleine de poussière et pas du tout mise en évidence. Après avoir fait ses bagages (qui auraient, sans intervention de la magie, pris quatre grosses malles et qui n'emplissaient qu'une petite valise) elle expliqua ses projets à sa vieille mère et se mit à la recherche du portoloin.

Lorsqu'elle l'eut retrouvé et programmé pour la mene dans le bureau même du directeur, Agathe hésita un instant. Il se trouvit que l'actuel directeur était Elisabeth Eidos, celle avec qui elle avait tout partagé pendant plusieurs années à Elementia, celle qui l'avait, sans le vouloir, totalement transformée. Mais quelque chose d'important les avait séparées et, bien qu'Elisabeth lui ait expliqué de nombreuses choses dans sa courte missive (dans laquelle, Agathe l'avait informée que son voyage ne se ferait pas par voie aérienne), Agathe hésitait fortement à la revoir, ne se sentait pas prête.

*Il faudra bien que je l'y croise, autant que nos retrouvailles se fassent maintenant...*

Le temps passait, Agathe se tourmentait seule et se décida à partir autour de dix-neuf heures. Dehors, le ciel rosissait, en ce début de printemps, il faisait encore jour à cette heure. La jeune femme aux cheveux blancs agrippa la petite coupe froide et compta jusqu'à trois. Elle avait l'habitude de voyager ainsi, les quelques secondes surprenantes au début passèrent très vite et Agathe attérit dans le bureau d'Elisabeth Eidos. Ou plutôt celui de Lord Eidos, car pas grand chose n'avait changé...

Elle posa derrière elle sa petite valise. Juste derrière elle se trouvait la porte de la pièce, elle se décala pour ne pas gêner d'éventuels arrivants. Agathe se rendit bien vite compte qu'il n'y avait personne, oubliant le fait qu'elle avait réveillé quelques tableaux, faisant sûrement leur sieste quotidienne...

Elle s'approcha avec curiosité d'une magnifique plante posée dans un coin de l'énorme bureau d'ébène d'Elisabeth. Aussitôt, la jeune femme pensait que son amie avait toujours eu le goût des belles choses. Comme intimidée, elle leva doucement la tête vers le plus imposant des tableaux : celui de son ancien directeur, du père de son amie avec qui, étrangement, elle n'avait pas souvent eu à faire. La jeune femme se recula à nouveau, observant sans bruit les différents portraits, ce qui décorait le vaste bureau, essayant de se demander de quoi pourrait ressembler les retrouvailles avec Elisabeth.

*Elle ne devrait pas tarder...*

Agathe ne pouvait s'empêcher de penser à tout ce qu'elles avaient partager, de se demander si ce n'avait pas été une énorme bêtise de se séparer pour ce garçon, ce Matthias qui leur avait tant plu...

A l'instant où Agathe se demandait si Elisabeth avait perdu la ponctualité qui faisait une de ses innombrables qualités étant jeune, la porte du bureau (Agathe aurait tendance à dire "du bureau de Lord Eidos") s'ouvrit derrière elle. Aussitôt, la jeune femme se tourna et regarda Elisabeth.

La petite Agathe avait toujours admiré son amie, admirée pour son naturel, son sérieux, son intelligence, pour toutes les bonnes idées qu'elle avait et pour l'attention qu'elle prêtait aux autres, et pour sa beauté, même à quatorze ans. Elisabeth avait un joli visage fin, la bouche toujours rieuse et l'oeil un peu malicieux... Agathe adorait ses longs cheveux noirs toujours éparpillés sur ses épaules (pendant un moment, Agathe s'était amusée à lui interdire de se les attacher...).

Maintenant qu'elles étaient adultes, qu'Agathe était retombée dans le silence, qu'elle avait perdu ses cheveux dorés et était devenue fragile, Elisabeth avait énormément changé. Agathe remarqua aussitôt ses cheveux noués en un chigon invisible, ce qui lui rendait le visage ferme (bien qu'adoucit avec le regard qu'elle portait à son ancienne amie) et en fut attristée. C'était la chose la plus changé en Elisabeth.

Mais de quoi devait avoir l'air Agathe alors ? Celle-ci préféra ne pas y penser. En l'heure, elle ne savait que faire. Si elle avait fait ce qui lui passait par la tête, elle aurait voulut serrer son amie dans ses bras. Mais il fallait qu'elle analyse la situation, peut-être qu'elle était toujours une vraie Terro pour cela.

Elisabeth murmura le prénom d'Agathe et elle se sentit fondre. Une telle amitié brisée pour ce Matthias dont elle n'avait que faire à présent ! Oh, il était bien parfait, oui, mais quelle importance ? Quand on savait ce qui avait uni Elisabeth et Agathe, il était impossible de comprendre la raison pour laquelle elles étaient devenues des étrangères.

Pour répondre et surtout parce qu'Agathe ne savait comment réagir, elle se contenta de murmurer :

"Elisabeth..."

La jeune femme se sentit stupide de répéter ce prénom. Oui, c'était bien Elisabeth avec quelques années de plus, directrice de cette école Oui, c'était bien son amie qui était devant elle. Alors pourquoi répéter son nom ? Mais lorsqu'Elisabeth murmura d'autres mots, Agathe ne put résister. Un léger sourire flottant sur ses lèvres fines, elle s'avança vers Elisabeth et posa ses mains sur ses poignets.

"Moi aussi, je suis contente de te voir."

Ajouter "ici" n'aurait pas convenu... Agathe dit alors avec son même sourire lointain :

"Je crois que c'est la seule fois où nous sommes réunies devant ton père dans ce bureau."

*C'est la première fois que je le vois somnoler. Un homme si... si Eidos !*

Agathe retrouvait peu à peu, de plus en plus son amie dans les traits d'Elisabeth.

Les deux jeunes femmes étaient redevnues jeunes filles... Il était certain qu'elles s'étaient ensemble replongées dans un tas de souvenirs communs en cet instant. Elisabeth semblait ne pas vouloir exposer ses sentiments. Agathe ne les exposait que très rarement, malgré sa douceur et le don qu'elle avait avec les enfants et même les adultes, le don pour les faire parler, pour les faire se confier. Lorsqu'Elisabeth laissa un léger sourire apparaître, Agathe lui serra les mains en souriant derechef.

Pendant un sintant, dans le silence apaisant du bureau, Agathe, si légère, enlaça son amie et oublia ce qui les avait fait se perdre. Quelle importance avait bien pu avoir ce Matthias dans leurs vies et dans leur amitié ? Tout bien réfléchi, comment et où avait-il trouvé la force et le charme ayant le pouvoir de briser une telle amitié ! Agathe voulait avoir seize ans à nouveau, voulait plaisanter avec cette jeune fille extraordinaire, l'Aqua extraordinaire qu'était son amie.

Mais elles avaient toutes deux trop changé. Ce n'était pas la cause première bien sûr (à part pour les cheveux d'Agathe et son ossature, mais quelle importance ? Elle avait maintenant l'apparence d'un esprit, d'un fantôme, mais était belle dans son genre...) mais sans Matthias Elementia n'aurait pas la même directrice...

"Un tel père ne pouvait pas t'abandonner, même après la mort."

En effet, elle avait eut vent du décès de Lord Eidos et s'en était attristée, car c'était un homme bon et elle l'admirait tout autant qu'elle avait admiré sa fille. Mais elle n'avait pas été triste pour Elisabeth, non, seulement pour son père et celui qui fut son professeur. Elle ne savait pas de quoi il était mort. Quelques années plus tôt, elle n'aurait pas hésité à poser la question. D'ailleurs elle n'aurait pas eu à la poser, puisqu'elle l'aurait su avant les autres...

Il fallait parler pourtant...

"Ce n'est que quand je te revois que je me rends compte à quel point tu m'as manquée."

Elle voulait dire ce qu'elle avait sur le coeur. Comment était-il possible qu'elle hésite à ce point ? Qu'elle hésite à parler avec Elisabeth ?

"Comment..." commença-t-elle de sa voix douce, presque murmurante "Comment... Comment a-t-on pu être séparées pour Matthias ?"

Elle avait dit "pour" et non pas "par". Et elle se posait plus la question à elle-même qu'à Elisabeth.

"Nous l'aimions... Mais je t'aimais aussi !" s'exclama-t-elle, avec de la puissance dans un murmure.

(ouin snirf et mon annee pourrie qui fait que je ne peux pas suivre cette émouvante retrouvaille comme je le voudrais... SNIRF!!!)

Elisabeth fut heureuse de sentir son amie répondre à son étreinte et en un instant silencieux laisser s'effacer les peines et les méandres du passé.
Elisabeth n'avait jamais considéré Matthias comme la réelle cause de leur amitié perdue...il n'avait été que la petite flamme embrasant toute une série d'évènements, et aboutissant à ce drame de potion malheureuse.
Sans doute sans lui ce drame ne serait arrivé, mais qui sait...
Elisabeth retrouvait son amie, retrouvait une part de sérénité et dans cette étreinte se vidait de cette culpabilité incompréhensible qui lui avait tiraillé les entrailles pendant toutes ses années.
Lorsqu'Agathe répondit à propos de son père, Elisabeth se sentit crispée en entendant le mot "mort". Elle n'avait jamais accepté ce mot, tout comme elle ne pouvait accepter l'expression "faire le deuil".
Cependant, c'était bien là la triste vérité...
Elle se demanda rapidement si Agathe savait les véritables cause de la perte de Lord Eidos. Elle jugea cependant préférable de ne pas faire intervenir ce sujet pour le moment dans cet échange.
Elle sourit à Agathe qui lui révélait alors le manque qu'elle avait ressenti. Dans son sourire Elisabeth évoquait qu'il était également le sien.
Alors Agathe commença à évoquer ce qui était encore l'unique et l'immense fossé entre la réelle réunion des deux amies.
Leur séparation... pour Matthias? par lui? à cause de lui?
Elisabeth regarda Agathe avec un sourire timide. Interieurement, elle chassait toutes les images de ce garçon qui avait été le centre de sa vie à une certaine époque. Elle sentait contre sa cuisse le petit coffret presque s'enfoncer en sa peau et espérait que son trouble incontrôlable ne se lirait pas dans son regard...

"Je revois souvent le souvenir de cette soirée... mon retour en salle de cours et me sentir soudain complètement perdue. Tu n'étais plus là et quand je t'ai revue les jours suivants tout avait changé. Je regrette tant de ne pas t'avoir parlé alors..."
Elle se souvenait sa culpabilité, qui ne l'avait pas encore quittée, cette affreuse sensation qu'elle n'expliquait pas. Elle avait lu et relu les formules...elle avait revu en rêve ses gestes, elle n'avait pas fait d'erreur!! Souvent, la faute ou le malheureux souvenirs nous reviennent en un flach, comme une évidence, mais jamais elle ne s'était vue se tromper dans la confection de cette potion. Elle se souvenait juste la perturbation au moment du bruit dans le couloir, mais elle n'avait pas ajouté ou oublié un ingrédient pour autant.

"Je ne sais pas s'il est temps de m'expliquer mais malgré mon amour pour Matthias je n'aurai jamais fait quelque chose contre toi. Je t'aimais également et rien n'aurait pu m'ammener à un geste malheureux. J'ai fait cette potion, je le sais bien, et je m'en veux tellement de ne pas avoir d'explication à te donner à ce qu'elle a provoqué..."

Elle soupira et regarda Agathe dans les yeux, ne lachant pas ses mains. Enfin elle allait pouvoir lui parler...ce qu'elle aurait du faire des années plus tôt.

"Je n'ai jamais préparé cette potion en pensant à te faire du mal. Je n'ai il me semble fait aucune erreur dans sa confection et je n'explique toujours pas ce qu'il a pu se passer. J'aimais Matthias, mais je ne t'aurais jamais fait souffrir pour lui...c'était impensable..."

Elle se tut, se sentant soudain aussi petite et fragile qu'une enfant...

"Je ne sais si tu me croieras, et je me sens toujours coupable, mais je ne peux m'expliquer les reproches que je me fais à moi même..."

Elle baissa les yeux, ne sachant si elle n'était pas encore une fois en train de provoquer un nouveau conflit entre les deux amie à peine réunies. Cependant, depuis qu'elle avait reçu la lettre d'Agathe et qu'elle avait revu la boucle d'oreille donné par Sephistos, elle savait que ce silence ne devait plus être.

Un doux silence reignait dans le bureau. Elles étaients toutes deux plongées dans leurs souvenirs et Agathe oubliait un peu toutes les mauvaises choses du quotidien, pour ne se consacrer qu'à l'Elisabeth qu'elle avait perdue, même si ce n'était pas la même qui était la devant elle. Il fallait bien qu'elles parlent de Matthias, qu'elles parlent de cette époque et échangent leurs souvenirs. Et Agathe n'avait jamais senti une limite entre elle et son amie, à l'époque où étaient encore adolescentes. Elle n'était jamais genée en parlant à Elisabeth, même en abordant des sujets graves. Et en cet instant-là, Agathe retrouva cette confiance, et se remit à parler comme une enfant, lâchant tout en un souffle, sans trop réléchir, abandonnant sa voix posée et ses phrases bien tournées.

Lorsqu'elle parla de Matthias, justement, son amie lui sourit timidement et semblait troublée aux yeux d'Agathe, qui remarquait très facilement ce genre de détails chez les autres, encore plus dans le regard si souvent croisé d'Elisabeth. Mais Agathe préféra ne rien dire pour l'instant, elle pouvait comprendre ce trouble, elle-même se sentait troublée (mais ce n'était pas vraiment pour les mêmes raisons, et elle n'avait aucun moyen de le savoir).

"C'est vrai... On aurait pu parler... Mais c'est de ma faute, j'avais retrouvé ma nature de Terro. Je serais facilement allée vers toi, je t'aurais tout dit mais je me sentais humiliée ou plutôt... trahie. Trahie par toi, c'était pire que tout. Et je ne voulais pas montrer ce trouble." murmura-t-elle, puis elle ajouta, d'un air de regret : "J'étais une Terro..."

Elle fit un sourire à Elisabeth lorsqu'elle se mit à parler à nouveau. Agathe tenait toujours les mains de la jeune femme, ses doigts étaients glacés. Elle comprenait maintenant. C'était un évènement extérieur, forcément, qui avait fait rater cette potion... Avec le recul, avec la confiance qu'elle essayait de mettre à nouveau en Elisabeth, Agathe comprenait que jamais une telle amie, une telle personne, n'aurait eu l'idée de faire une telle chose... Mais Agathe regrettait vraiment d'avoir agi ainsi. Souvent elle y pensait, depuis la lettre qu'avait envoyée Elisabeth en réponse, souvent elle pensait à l'attitude stupide qu'elle avait eue.

"Tu n'es pas du genre à négliger tes travaux, Elisabeth" dit-elle avec un sourire et un air de malice "Surtout dans ce cas, où c'était presque vital pour nous deux"

Agathe baissa la tête et fit glisser ses mains hors de celles d'Elisabeth. Agathe se souvenait bien de Matthias, comment était-il à présent ? C'était le seul garçon qu'elle avait jamais aimé. Et elle se rappelait aussi qu'Elisabeth avait obtenu ce qu'elle voulait avec lui... Mais ce n'était pas le moment de penser à cela, Agathe voyait son amie cumpabiliser, culpabiliser pour une chose qui était maintenant ancienne, et qu'Agathe voulait voir classée. Elle mit ses mains pâles sur les épaules d'Elisabeth et lui sourit.

"S'il te plaît, ne te sens pas coupable, ne te fais aucun reproche. Les reproches, ce serait plutôt moi qui aurais à te les faire, non ?" dit-elle en souriant.

"Je veux que ce soit oublié. Nous avons toutes les deux des choses à nous reprocher. Je regrette infiniment d'avoir agi comme je l'ai fait. D'avoir été aussi... gamine, car il n'y a pas d'autre mot. D'avoir effacé notre amitié parce que je me suis sentie humiliée. De t'avoir crue responsable de tous les changements intervenus chez moi. De t'avoir crue assez égoïste pour ne penser qu'à toi et à Matthias."

Agathe se sentait bien. Elle savait qu'il y avait beaucoup de choses à dire sur le sujet, qu'Elisabeth devait se reprocher des choses mais aussi en reprocher à Agathe. Car Agathe elle-même avait reproché certaines choses à Elisabeth...

Elisabeth avait parlé...enfin ce qu'elle avait au fond d'elle était sortit. C'était pourtant si banal. Dire simplement qu'elle ne savait expliquer ce qu'il s'était passé mais qu'elle n'avait pas voulu lui faire de mal, lui avait prit...des années..?????
Elle faillit rire de cette prise de conscience mais les paroles d'Agathe lui revinrent à l'esprit...
Agathe aussi se sentait mal et finalement les deux amies faisaient de leur retrouvailles un flot d'excuses et de prises de conscience remplies de culpabilité.
Finalement, Elisabeth répondit à son amie en riant. Soudain, devant le plaisir d'avoir lesté ses sentiments, la joie de voir qu'Agathe comprenait et ne lui en tenait pas rigueur, et le fait que finalement, à son grand étonnement c'était elle qui maintenant se sentait coupable fit éclater chez la directrice un rire imprevu et délicieux.
Elle serra alors fortement les mains de son amie retrouvée et déclara entre deux hoquets de rire...

"Je t'en prie, n'y pensons plus... je ne t'en veux aucunement et je souhaite maintenant juste profiter du moment présent. Le seul reproche que je peux te faire est de m'avoir tant manqué!!"

Elle rit de nouveau, libérée enfin...
Elle dévisageait son amie, essayant de la voir, elle, et de ne plus voir dans sa paleur et dans ses cheveux blancs, le souvenir douloureux que cela avait représenter. Elle la trouva jolie, et sourit, heureuse comme elle n'avait pas été depuis longtemps.
Soudain, sursautant presque, elle lacha les mains de son amie et sortit sa baguette...

"Ma pauvre, quel acceuil je te fais!!! Je ne t'ai même pas proposé une boisson ou une collation...tu veux quelque chose..?"

L'entretient devait maintenant prendre une ambiance plus détendue et Elisabeth se devait aussi d'aborder avec Agathe, la question de son futur emploi à Elementia...

(d'ailleurs, faudrait que tu me rappelles en mp le nom de ton forum etc...lol)

[Je t'envois un mp ! Mais je... j'ai trouvé un truc moyen^^]

Agathe aussi se sentait mieux. Elle s'était rendue compte en quelques minutes que dire ces simples choses faisaient du bien. Et il sembla à Agathe qu'il en était de même pour Elisabeth car elle laissa échapper un rire clair, un rire si souvent entendu auparavent ! Chaque chose en Elisabeth lui rappelait de bons souvenirs... Et c'est en cela qu'elle se rendit compte qu'avec son amie, elle n'avait que des bons souvenirs (excepté évidemment ce qui les avait séparées...).

Elisabeth serrait les mains de la jeune femme et elle-même lui répondait ainsi. On n'aurait pas dit, mais en cela elles faisaient beaucoup de choses. Mais l'atmosphère était maintenant détendue, Agathe retrouvait parfaitement l'ancienne Elisabeth en cette aisance et cette gaieté presque enfantines. Agathe souriait, ses yeux brillants de tant de choses retrouvées.

"Je suis bien d'accord. N'y pensons plus ! Même si je vais avoir du mal à oublier, je n'y penserai plus !" affirma-t-elle avec un sourire.

Elle rit légèrement lorsqu'Elisabeth lui avoua ce qu'elle lui reprochait. Agathe prit un air sévère et la fusilla du regard, imitant la colère comme elle savait si bien le faire :

"Je ne t'ai jamais pardonné le vide que ton absence m'a fait. Quelle idée de tant me manquer aussi ! Va... Je te pardonne..."

Agathe sentit soudainement un poids se retirer. L'enjouement d'Elisabeth ne fit que rendre ce poids plus lointain. Elle lui proposa quelque chose à boire ou à manger... Et il était vrai qu'Agathe avait très soif et elle s'approcha d'Elisabeth, baguette tendue, qui s'apprêtait à faire apparaître ce que désirait Agathe.

*Comment cela s'appelle-t-il déjà... Erber... Berber...*

"Tu te souviens euh... Une boisson à laquelle nous n'avions pas le droit de goûter aux banquets, qui était réservée aux professseurs et que nous nous étions faufilées pour en prendre... C'était délicieux ! Un peu... émoustillant mais délicieux" dit-elle avec un sourire, car elle adorait employer des mots que personne n'utilisait plus.

"Cela s'appelait du... du Berb, Bereb... Reberb..."

Elle fouilla dans sa mémoire légèrement atteinte justement, par la potion d'Elisabeth...

*Après tout je ne vais pas l'embêter avec cette boisson dont j'ai oublié le nom... Je pourrais prendre simplement un jus de citrouille !* se dit-elle.

Pensée qui jamais ne lui serait venue à l'esprit à l'époque, car jamais elle ne pensait embêter Elisabeth...

(sorry darling!)

Elisabeth s'installa derrière son bureau, le visage illuminé d'un sourire. Elle était si heureuse en cet instant qu'elle ne "tiqua" même pas une seconde au "je vais avoir du mal à oublier" d'Agathe.
Elle ne l'aurait pas mal prit, mais cela l'aurait sans doute replongée une seconde dans un brin de nostalgie...Elle aussi aurait du mal à oublier, c'était une histoire qui avait été vécue si douloureusement.
Elisabeth souriait donc, riait même avec son amie, pourtant, elle se sentait intérieurement comme coupable. Dans sa poche, la boucle d'oreille qui avait été un de ses liens avec Matthias semblait lui lancer des appels.
D'un autre côté, pouvait-elle le dire à Agathe? Son amie avait su qu'Elisabeth et Matthias s'étaient aimés, mais elle ne connaissait rien d'autre de leur complicité. Cette boucle d'oreille, objet d'un scandable probable pour Elisabeth, ne serait qu'un bijou perdu et solitaire pour Agathe.
Pourtant la boîte semblait siffler comme une théière aux oreilles de la directrice.
Elisabeth rit de l'imitation coléreuse d'Agathe. Puis ayant "dégainé" sa baguette pour appeler des boissons elle écouta la demande de son amie.
Elle se surprit à rougir en riant, se souvenant de leur "casse" des placards des elfes pour avoir cette boisson. Elle n'avait jamais su si son père l'avait su, mais si oui, il ne lui en avait jamais rien dit.

"Ah oui du Riverber!!!! hmm!! C'est vrai que c'est délicieux... " (je sais pas si t'avais un nom précis...)

Elle fit ouvrir un petit placard dans son bureau et d'un Accio fit venir deux bouteille de la fameuse boisson sorcière.
Elle rit en levant la bouteille vers Agathe, les yeux pétillants de son souvenir de "voleuse".
"A toi! A ton retour..."

Elle ouvrit les bouteilles d'un coup de baguette.

"D'ailleurs, il faudrait qu'on aborde la raison professionnelle de ton arrivée à Elementia..." déclara-t-elle en souriant.

Voilà, ce que la jeune femme n'avait jamais réussi à effacer en elle-même était enfin parti, et c'était un énorme poids en moins sur les frêles épaules d'Agathe... Pourtant, la jeune femme notait une légère gêne chez son amie, oui, elle n'avait pas l'air aussi à l'aise que l'était maintenant Agathe...

Pour la première fois, Agathe força la main à quelqu'un pour qu'il parle. Ce n'était pas dans ses habitudes, en fait, d'habitude, on lui parlait sans qu'elle n'ait rien à demander, sa tête inspirait confiance... Mais là, avant de passer à des choses plus sérieuses qui l'étaient pourtant moins, elle s'approcha de son amie et avec son continuel air doux, lui dit :

"Eli, si tu as quelque chose à me dire, dis-le maintenant, s'il te plaît..."

Elle se recula et baissa un instant la tête... Elle espérait qu'Elisabeth ne le prenne pas mal. Pourtant l'ambiance se détendait à nouveau.

"Riverber ! Je savais bien que c'était un nom bizarre ! Quel délice, ce truc-là !"

Elle tapa dans ses mains comme une gamine, se mordant la lèvre, en voyant apparaitre la bouteille emplie d'un liquide d'un vert pétillant. Agathe rit avant de prendre une gorgée de Riverber, alors qu'Elisabeth parlait...

"Mmh... Pareil à mes souvenirs... Euh, pardon, tu disais ?" rigola-t-elle, se sentant rajeunie de dix ans.

"Ah oui... Choses sérieuses..."

Elle lui fit un clin d'oeil et s'appuya sur le bord d'un fauteuil.