Arnold veut baguette

Sa seigneurie Von bretzel entra d'un pas décidé dans la boutique poussiéreuse du marchand de baguette. Il toussa, étant legèrement allergique, et se dirigea d'un pas pressé vers le comptoir, où il appuya avec force sur la sonnette.

Il était encore sous le coup de son altercation avec le banquier, et il avait du mal à reprendre son calme.

"Il y a quelqu'un? Che chuis préché!!!"

Il tapait du pied, tout en tripotant avidemment sa bourse maintenant bien rebondie. Seul ce contact semblait lui permettre de tenir encore le coup dans cette horrible journée.

Endymion prit la direction de sa boutique d'un pas lent et mesuré. Il n'avait pas l'habitude de courir entre ses rayons, et que le client soit pressé ou pas ne changeait rien pour lui. Une baguette ne s'achetait pas à la légère, et il fallait prendre son temps pour la choisir.

Il se retrouva derrière son comptoir et fit face au jeune garçon qui se tenait devant lui.

"Bonjour M. Von Bretzel. Vous allez bien? Je suppose que vous venez pour acheter votre baguette magique. C'est un grand jour pour vous aujourd'hui."

Endymion énonça sa phrase avec une douceur et une patience qu'il avait longtemps travaill auprès de générations d'élèves sorciers.

Arnold commençait à s'impatienter lorsqu'il vit enfin le vieil homme pointer le bout de son nez.

*Il était temps. Il a dépassé l'age de la retraite lui!! C'est si dur de vendre des baguettes qu'ils n'arrivent pas à trouver de sang neuf?*

Il s'approcha du comptoir et s'arreta d'un coup.

L'homme l'avait appelé par son nom, et semblait le connaitre. Arnold se sentit aussitot flatté.

"Oui. Ca va bien. Et mon père aussi! Mais vous le connaissez certainement n'est ce pas? Et oui je suis venu acheter ma baguette. Mais je ne vois pas en quoi c'est un grand jour."

Arnold en avait déjà assez de cette école où il devait faire ses courses lui même. Quand son père saura.....

Il attendit ensuite que le vieillard lui donne une baguette.

Endymion sourit intérieurement devant la réponse du jeune homme. Il sentait la fierté et l'arrogance du jeune élève, et ne fut pas étonné qu'il n'ait pas relevé la raison qui faisait de cette journée une grande journée.

"Si vous voulez bien m'excuser! Je vais voir ce que je peux vous trouver."

Puis il prit la direction de ses rayons. Il revint quelques minutes plus tard avec quatres boites dans les mains.

Il les posa sur le comptoir et ouvrit la première d'entre elles. Il en sortit une fine baguette qu'il tendit vers Arnold.

"Prenez cette baguette, vous allez vous concentrez sur un événement heureux, qui vous montrera sous votre meilleur jour à la baguette. Vous devez lui donner confiance."

Il attendit la réaction ou les questions du jeune flammen.

Un évènement heureux? Pourquoi fallait il un évènement heureux? Quel intéret pour la baguette...ce n'était qu'une baguette.

Arnold commençait à trouver que sa visite chez le marchand de baguettes commençait à être un peu longue.

Il prit toutefois la baguette dans sa main et réfléchit à l'évènement qu'il pourrait choisir.

Une idée lui vint.

Il repensa à cette fabuleuse journée où il avait mis en place un stratagème particulièrement ingénieux pour donner la honte à sa soeur. Il avait réussi à faire organiser une fête avec les amies les plus proches de cette dernière. Il avait intercepter les hiboux et modifier l'heure pour qu'ils arrivent trop tôt, et profita que sa soeur était en train de se préparer pour faire arriver tout le monde. Il bloqua la porte de la salle de bain de celle-ci, l'empechant de participer à la fete, les parents étant parti travailler, et la nounou étant bloquée avec la jeune fille. Arnold "réconforta" les amis déçus de s'être fait rouler, pourrissant l'image de sa soeur. Quand celle-ci retrouva ses amis le lendemain, ceux ci étaient tellement remontés qu'elle se retrouva toute seule.

Arnold sourit à cette pensée, laissant son bonheur grimper d'une flèche.

Endymion ressentit les sentiments du jeune flammen en pleine face. Jamais il n'avat ressenti autant de méchanceté et autant de machiavélisme. Mais qu'étais donc ce garçon pour se complaire du malheur de sa propre soeur.

Toutefois, le marchand de baguette s'y était préparé dès l'instant où il avait ressenti l'aura du jeune homme. Il avait donc ressorti de ses cartons une baguette qui convenait à peu d'élèves, puisqu'en effet, rares étaient les élèves d'Elementia possédant une telle tournure d'esprit. Toutefois ses baguettes n'étaient jamais dépourvues de bonnes choses, et parfois d'un certain humour.

Aussi lorsqu'Arnold se gargarisait de ses méfaits, la baguette l'accompagna sur une certaine partie. Il se voyait l'utiliser pour enfermer sa soeur et sa nounou, ainsi que pour intercepter les hiboux et se donner de l'importance par rapport aux amis de sa soeur. Toutefois, lorsqu'il s'appreta à profiter de son bonheur, il se retrouva à son tour dans la salle de bains, enfermé, incapable de sortir. Puis, la porte s'ouvrit, et toute sa famille était devant lui, se gaussant, sa soeur juste sous son nez.

L'illusion prit fin, laissant le jeune homme sur cette impression de défaite. Endymion prit la parole.

"Eh bien, il me semble que ceci est votre baguette. Comme vous le voyez, celle-ci a sa propre personnalité. Elle vous aidera et vous assistera dans totues vos actions, toutefois, ce ne sera pas forcément de bon coeur. Veillez donc à ce que vous ne la poussiez pas à bout! Elle mesure 22 cms, et faite d'un bois d'ébène, qui lui doit cette belle couleur noire mais malgré tout un peu inquiétante, et contient un cheveu d'esprit malin. Il s'agit d'une petite créature qui vit dans les bois et les montagnes, apparentés aux nixes. Ce sont de petits êtres très intelligents, mais d'une grande méchanceté, qui n'hésitent pas à faire de mauvaises farces aux voygeurs qui ont le malheur de pénétrer sur leur territoire."

Endymion se tut et sortit un pot de terre de sous son comptoir.

"Voici un onguent pour l'entretien de votre baguette, une fois par semaine pendant dix minutes. L'onguent est un cadeau. La baguette vous coutera 30 MA."

Il sourit pour atténuer l'ironie de la situation. Il n'était pas forcément très agréable de recevoir une telle baguette.

Arnold se délectait de sa vision, il revivait l'une de ses frasques les plus abouties, et celà lui procurait un plaisir immense. Toutefois, lorsque les choses commencèrent à partir dans une direction non souhaitée il sentit son estomac se serrer. Il n'avait jamais connu la peur et la honte, et pour une fois ces sentiments s'imposaient à lui.

Lorsque la vision s'éteignit, le vieux marchand eut des paroles dures, et pas dénuées de tout sens. Arnold se sentit vexé. Il pensa un instant refuser la baguette, mais il se souvint des paroles de son père à ce sujet, et savait qu'une baguette ne se refusait pas.

Il prit la boite ainsi que le pot de terre, sachant très bien qu'il demanderait aux elfes de maison de s'en occuper pour lui. Il sortit les 30 MA demandées par le commerçant, et les posa sur le comptoir avec une moue blessée.

Puis il quitta la boutique, la tête haute, sans dire un mot, drapée dans sa fiertée meurtrie.